Pourquoi ce film a-t-il mis près de dix ans à être financé ?
À cause du scénario adapté du best-seller de Richard Matheson reposant sur une idée très simple, un concept très sobre, voire épuré. Il a fallu énormément de temps pour convaincre un studio d’investir des millions de dollars sur ce projet a priori light. Et comme on ne souhaitait pas changer d'idée en cours de route et adapter le film à ce qui se fait aujourd’hui, on a préféré attendre. Le film devait être novateur.
Comment interprète-t-on le dernier homme vivant sur Terre ?
Difficilement, surtout en plein New York, endroit où par principe on ne peut pas être seul (rires). J’ai beaucoup travaillé sur la solitude de mon personnage. Comme je viens d’une famille nombreuse, que je n’aime pas être seul, que j’apprécie vraiment la présence des autres, trouver l’inspiration pour incarner la solitude était quelque chose de complètement nouveau pour moi. Je me suis documenté sur des personnes qui ayant vécu une expérience similaire. Par exemple, j’ai fait des recherches sur les prisonniers de guerre. Avant d’incarner la solitude, je devais comprendre ce que c’était.
Comment cela s’est passé sur le plateau, seul avec vous-même ?
C’était étrange, j’ai dû puiser en moi des ressources dont je n’avais pas conscience. Je devais constamment créer un environnement émotionnel pour que mon personnage habite l’espace. C’est toujours plus facile quand un partenaire vous donne la réplique, l’impression de vie est immédiate. Dans Je suis une légende, il y a beaucoup de scènes muettes. C’était très difficile à faire, mais c’est justement ça qui m’excitait dans le projet. Ce film m’a obligé à me dépasser. Puis d’un point de vue plus personnel, il a fait évoluer mes rapports avec les autres.
Les plans d'un New York complètement désert sont impressionnants. Comment l'équipe est-elle arrivée à un tel résultat ?
Les rues n’étaient jamais complètement vides. Hors champ, c’était un bordel inouï de New-Yorkais en colère, bloqués à un coin de rue, qui attendaient qu’on ait terminé pour rentrer chez eux ou aller au boulot. Parfois, alors que j’essayais de me concentrer avant une scène, j’entendais comme un écho : « Will Smith, tu nous emmerdes avec ta connerie de film, va te faire f… » (rires).
La fin du film est très portée sur la religion. De plus, un autre final a été tourné. Que pensez-vous de ce message religieux et que pouvez-vous nous dire de cette fin alternative ?
Je ne conçois pas la fin du film aussi religieusement que vous. Justement, ce qui m’a aussi interpellé dans le scénario, c’est ce concept très actuel où la science et la religion en arrivent à se compléter quand il n’y a plus de réponse. Mon personnage, Robert Neville, ne croit plus en Dieu, mais il croit encore en cette science qui est son métier. Alors pour moi, chacun y voit ce qu’il veut : les religieux y voient davantage de religion, d’autres y voient simplement un espoir pour l’humanité au travers des recherches scientifiques de Neville. C’est à chacun d’interpréter la fin selon ses croyances et ses convictions, quelles qu’elles soient.
Vu le succès des séries télévisées ces dernières années, envisageriez-vous de revenir à la télévision un jour ?
Il faudrait vraiment que ma carrière se casse la figure pour que je revienne à la télévision ! Même si j'en garde un très bon souvenir, je préfère de loin tourner pour le cinéma. C’est un aboutissement. Revenir à la télévision serait pour moi une régression.
Que vous manquerait-il le plus si vous étiez seul au monde ?
Le sexe (rires) !