le 11 octobre 2017 - 14h17

Victor Matsuda

La rédaction d’AVCesar.com a pu interviewer Victor Matsuda de passage en France, vice‑président de la BDA (Blu‑Ray Disc Association) basée à Los Angeles. Histoire de faire le point sur le marché 4K Ultra HD Blu-Ray en Europe et dans le reste du monde.
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Pouvez-vous nous préciser l’état actuel du marché Ultra HD Blu‑Ray (UHD ND), aux USA et Asie d’un côté et en Europe de l’autre ?

 

C’est un marché en pleine croissance. En 2017, en termes de softwares, ce sont plus de 5 millions de disques Ultra HD Blu‑Ray qui ont été vendus sur le marché américain. Pour l’Europe, qui accuse le plus souvent un retard de 12 à 18 mois par rapport aux États‑Unis, c’est plus de 2 millions de disques qui ont trouvé preneur. Si l’on ajoute le Japon et le reste du monde à ces principaux marchés, ce sont environ 9 millions de disques qui se sont écoulés dans le monde. Par ailleurs, les prévisions pour 2018 sont prometteuses. Ce sont respectivement 9 millions et 4 millions de disques qui s’écouleront sur aux USA et en Europe pour un marché mondial avoisinant 16 millions d’unités.

Au niveau des lecteurs, la croissance est également très forte puisque, en 2017, les ventes de lecteurs UHD Blu‑Ray ont progressé de 133%. Le succès des téléviseurs Ultra HD et leur banalisation dans les foyers expliquent la montée en puissance de l’UHD BD. Il faut bien que les utilisateurs disposent d’une source capable d’en exploiter totalement les possibilités. Actuellement, dans la grande majorité des cas, seul un lecteur UHD BD est en mesure de répondre à leur attente. Précisons que le marché des TV UHD est lui aussi en pleine expansion. Il devrait progresser de 40% en 2017, puis encore de 35% en 2018.

 

Des consoles de jeu, comme la Xbox One S ou la Xbox One X, se dotent d’un lecteur UHD BD. Pensez‑vous que ceci « booste » le marché ? Par ailleurs, il semble que Sony ne songe pas à en équiper la PS4 Pro, avez‑vous des informations à ce sujet ?

 

En ce qui concerne la PS4 Pro, je n’ai pas d’information particulière. Il faudrait demander cela mes confrères de Sony Interactive Entertainment. En revanche, si les consoles de jeu constituent un bon support de familiarisation avec le support UHD BD, il est intéressant de constater que de plus en plus de constructeurs ont ajouté des lecteurs UHD BD de salon à leur catalogue. Pendant longtemps, seuls deux constructeurs produisaient de tels lecteurs, ils sont maintenant huit.

Si les six premiers, LG, Microsoft, Panasonic, Philips, Samsung et Sony, font partie du paysage traditionnel de l’électronique grand public, il est intéressant de constater que Cambridge Audio et Oppo se sont joints à eux. Ces deux dernières marques sont plus particulièrement dédiées aux passionnés d’équipements dits « high‑end », donc de haute qualité. Cette adoption prouve que l’environnement Ultra HD Blu‑Ray est reconnu pour ses performances exceptionnelles en termes de qualité tant d’image que de son.

 

Le catalogue de titres s’enrichit‑il rapidement ?

 

Oui, depuis septembre 2016, le nombre de titres disponibles en UHD BD a plus que doublé et on a comptabilisé environ 150 nouveaux titres pour cette seule année. Fin 2017, l’édition de nouveaux titres 4K Ultra HD Blu‑Ray devrait atteindre le chiffre de 300, soit encore un doublement par rapport à 2016. De plus, cet accroissement de la production de titres correspond à une attente du public assez forte. Aux débuts du DVD, le possesseur d’un lecteur achetait en moyenne 6 à 8 disques par an. Les possesseurs de platines UHD BD achètent un disque par mois. Ce succès s’explique aussi par le fait que de plus en plus de majors proposent leur production en UHD BD. Disney est la septième à nous rejoindre et propose des titres tels que Les gardiens de la galaxie Vol.2 en première exclusivité.

 

Beaucoup de films ne disposent que de masters 2K, comment réagissez‑vous à la polémique autour de UHD BD 4K réalisés à partir de tels masters ?

 

Vous avez pu constater par vous‑même lors de vos tests que sur de tels disques, la qualité était bien présente. En premier lieu, l’Upscalling que nous pratiquons est de très haute qualité, sans comparaison possible avec ceux réalisés par les meilleurs processeurs présents dans les téléviseurs ou les lecteurs UHD BD. De plus, la définition n’est pas le seul paramètre qui influe sur le ressenti de piqué et de précision dans l’image. La dynamique de contraste joue un rôle primordial, presque plus important que la résolution elle‑même. Or, l’UHD BD présente l’avantage d’être compatible HDR10. Il dispose ainsi d’une dynamique de contraste incomparable, ce qui garantit un excellent confort visuel et une dynamique de l’image que d’autres supports ne sont pas en mesure de délivrer.

 

Il est vrai que si tout le monde sait ce qu’est l’Ultra HD/4K, peu de personnes savent exactement ce qu’est le HDR, pourquoi ?

 

En effet, si la sensibilisation des utilisateurs à l’Ultra HD/4K est assez élevée, il n’en est pas de même pour le HDR. Aux États‑Unis, qui font partie des pays où les utilisateurs sont les mieux informés dans ce domaine, si 75% d’entre eux savent parfaitement ce qu’est l’UHD/4K, seulement 44% savent que le HDR existe mais et ne savent pas précisément ce à quoi cela correspond. En France, ces chiffres tombent respectivement à 72% pour l’UHD/4K et 29% seulement pour le HDR. Il y a un effort d’information à faire au niveau des utilisateurs car, comme je l’ai déjà dit, le HDR est au moins aussi important que l’UHD/4K en termes de ressenti de qualité d’image.

 

Au même titre que les autres supports physiques, l’UHD BD ne risque‑t‑il pas d’être fortement concurrencé par des offres en streaming comme ce que propose Netflix par exemple ?

 

Il est vrai que Amazon Video, Netflix, GooglePlay, Vudu ou FandangoNow proposent ou vont proposer des services en streaming en Ultra HD/4K et HDR. Cependant, de telles offres supposent que l’utilisateur ait accès au très haut débit. Pour bénéficier pleinement de la qualité offerte par les meilleurs téléviseurs du marché, il faut que la liaison internet garantisse au minimum un débit constant de 25 mégabits par seconde. Peu d’utilisateurs ont actuellement accès à un tel débit. En Corée du Sud, qui est pourtant le pays où le très haut débit est le plus banalisé, seuls 40% des utilisateurs d’internet disposent d’un débit d’au moins 25 Mbps. Aux États‑Unis, 21% de la population peut accéder à un tel débit. La France, pour sa part, ne figure pas au tableau des dix premiers pays où le très haut débit occupe une part importante des accès au net.

Tant que le très haut débit ne représentera pas la part majoritaire des accès internet, les supports physiques auront encore du succès. Cela correspond à une démarche logique de l’utilisateur. Une fois possesseur d’un téléviseur Ultra HD/4K HDR, il souhaitera en tirer la meilleure expérience possible. Et je le répète, tant que les sources physiques seront les seules à pouvoir lui offrir une telle expérience, elles auront du succès.

 

La plupart des Blu‑Rays sont vendus accompagnés d’un DVD, voire d’un code de téléchargement de leur version dématérialisée. En sera‑t‑il de même pour les UHD BD, ou bien seront‑ils à l’avenir proposés seuls pour faire baisser leur prix de vente ?

 

Il est prévu que le packaging des UHD BD contienne en fait l’œuvre sur quatre supports différents : l’UHD BD, un Blu‑Ray conventionnel, un DVD et un code de téléchargement. Presser un disque est loin d’être le plus coûteux dans l’offre d’un produit physique. Proposer plusieurs supports à l’utilisateur dans un même packaging est un atout pour l’inciter à passer à l’Ultra HD. Il peut déjà acheter ses films préférés, même s’il ne dispose que d’un lecteur Blu‑Ray, voire DVD, tout en sachant que le jour où il franchira le pas de l’Ultra HD/4K, il pourra bénéficier de sa cinémathèque dans des conditions optimales sans avoir à réinvestir dans les œuvres qu’il préfère.

 

Enfin, qu’en est‑il de la fonction Digital Bridge (Copy & Export) annoncée au début de l’UHD BD, permettant d’accéder à un film sur différents types de supports ou de le stocker sur un Nas, par exemple ?

 

C’est une fonctionnalité qui est toujours d’actualité et qui existe toujours dans les normes de l’UHD BD. C’est aux éditeurs de décider ou non de sa mise en place sur leurs productions.

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