le 04 février 2025 - 15h20

Pablo Larraín, Jolie rencontre avec Maria Callas

En offrant à Angelina Jolie le rôle de la Callas, Pablo Larraín clôt sa trilogie sur les femmes fortes du XXᵉ siècle. Maria, son film, est à la fois une évocation onirique de la célèbre diva et une réflexion sur la solitude de ceux adulés par le public.

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Pablo Larraín à la projection de Maria au TCL Chinese Theatre Imax le 26 octobre 2024 à Hollywood © Xavier Collin / Press Agency / Alamy Live News

Pourquoi avoir écrit le film pour Angelina Jolie ?

 

Vous savez, il n'y avait pas de meilleure idée qu'elle. Parce que… En fait, je suppose que c’est très personnel comme choix. Mais après des années de recherches sur Maria Callas, je me suis rendu compte qu’on ne savait pas grand‑chose sur elle. Je pense même qu'il est très difficile de vraiment comprendre qui elle était réellement. C’est pour cela qu’elle est tellement à part. La Callas était une personne très énigmatique qui contrôlait tout ce qui était dit à son sujet, lorsqu'elle parlait en public. Elle maîtrisait son image et ne laissait rien filtrer. Et je pense qu'Angelina peut comprendre cela. Je présentais qu’elle pouvait incarner ce mystère, cette figure insaisissable. Car elle aussi est un personnage très énigmatique. Ce film aborde un sujet que j’ai déjà traité dans d’autres œuvres : la différence entre une personnalité publique et l’être humain privé. Il y a une tension entre ces deux images, entre ces deux réalités et la perception qu'on en a. La version publique de la personne finit souvent par affecter sa vie privée de manière difficile à mesurer. On ne sait jamais vraiment ce qui se passe derrière les portes closes des célébrités. Ce film tente d’explorer cela.

 

Vous avez choisi de raconter la Callas en vous concentrant sur les deux dernières semaines de son existence. Ce choix n’a pas dû rendre les choses simples…


Il y a eu de nombreux défis et des choses très, très complexes dans ce film. Certaines d'entre elles n'étaient pas de mon ressort. Par exemple, le chant. Cela relevait de la préparation et de la discipline d’Angelina, sur une très longue période, pour que ce soit crédible, parce qu'elle chante réellement dans le film, même si nous avons mélangé sa voix et celle de la Callas. Mais je pense que le plus difficile était de créer un film qui ressemble à une véritable tragédie. Une tragédie dans laquelle, à la fin de sa vie, le personnage principal choisit d’y mettre fin d’une manière qui est une célébration et sans peur. C'était important et effectivement très difficile à faire.

 

Pensez‑vous que l'opéra peut être filmé ?


Je pense que oui. Je pense qu'on peut transposer certains éléments de l'opéra au cinéma, c'est certain. Mais l'opéra a cette nature propre d'être en direct, sur une seule scène. Une scène qui peut changer de décor, mais c'est toujours la même scène, avec un orchestre entre les chanteurs et le public. Alors, est‑ce qu’un film peut retranscrire tout cela ? Non. Mais certains des éléments peuvent tout de même être capturés et filmés pour que l'on ressente une proximité avec ce qu’est l’opéra. L'un est en direct, l'autre non, et il y a des différences qui ne disparaîtront jamais. Mais certains éléments peuvent effectivement être adaptés, très fidèlement. D’ailleurs, j’ai moi‑même dirigé des opéras, et c'est un travail très similaire à celui d'un réalisateur.

 

Pourquoi avoir choisi tel morceau plutôt qu'un autre ?

 

Il y a trois raisons à cela. Premièrement, c'est ce que les gens connaissent de Maria Callas. Je ne pense pas qu'il aurait été judicieux de faire un film qui n'aborde pas l'héritage musical de Maria Callas. Il était important d'inclure certains morceaux incontournables. Ensuite, il y a la musique qu'elle aimait vraiment. Des morceaux qui comptaient beaucoup pour elle. Et enfin, il y a mon propre choix. Il fallait que j’aime cette musique, que je me sente connecté à elle, car c'est un projet très exigeant et personnel. Je voulais être proche de cette musique.

 

Dans votre film, il y a des références à trois réalisateurs : Buñuel, Truffaut et Resnais. Qui y a‑t‑il de ces cinéastes dans votre film ?

 

Effectivement, ces trois réalisateurs sont cités, mais vous savez, comme dans un procès, quand un témoin invoque son droit au silence, je vais faire de même parce que je veux que le public découvre cela par lui‑même. Je ne vais pas tout révéler. J'apprécie que vous l'ayez remarqué. J'ai fait des interviews toute la journée et personne ne m'a posé cette question. Alors merci.

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