Comment avez‑vous entendu parler de La gifle ?
Un jour, mon agent m’appelle ‑j’étais à New York à l’époque‑ et il me dit que l’on vient de me proposer de jouer dans La gifle. Je ne savais pas de quoi il s’agissait, je suis allée acheter le livre et je n’arrivais plus à décrocher. J’ai appelé mes parents en leur demandant s’ils connaissaient ; ils étaient tout excités et n’arrêtaient de demander : « Pour quel rôle, pour quel rôle ! » Quand j’ai répondu Rosie. Ils étaient circonspects.
Pourquoi ?
Dans le livre, Rosie n’est pas un personnage très sympathique. Mais mon travail a justement été de la rendre plus appréciable et de la montrer sous un autre jour, afin d’expliquer un peu mieux son comportement. Je voulais faire ressortir sa tristesse, ce vide qui l’habite, ses problèmes de couple, et faire jaillir ce qu’elle avait fait pour protéger son enfant et infliger une leçon à Harry, qu’elle déteste.
Avez-vous eu l’occasion de discuter avec l’auteur de vos intentions ?
Oui. Lors de notre première rencontre, je l’ai laissé parler. Il m’a beaucoup parlé de ses émotions. Ensuite, il était sur le plateau tout le temps. Il m’a aussi fait une playlist des musiques qu’il écoutait pendant qu’il créait le personnage de Rosie pour le roman. À chaque scène sur le tournage, j’écoutais la musique qui correspondait. Cela m’a permis de rentrer complètement dans le personnage.
Comment vous êtes‑vous préparée pour le rôle ?
À ce moment‑là, je passais une période de ma vie très difficile, j’étais en plein divorce… J’ai déménagé en Australie et je me suis mise immédiatement dans la peau du personnage, j’ai fusionné avec lui. Je suis moi‑même très maternelle, forte, j’ai du caractère, et comme j’étais très énervée dans ma vie réelle, j’ai utilisé cette colère pour Rosie. Il y a donc aussi beaucoup de moi en elle.
Qu’est-ce qui a été le plus difficile ?
Donner le sein à un enfant de 5 ans. Vous imaginez ? J’ai dû énormément travailler avec le jeune comédien qui interprétait mon fils, lui faire comprendre que ça ne me posait pas de problème. Nous avons passé beaucoup de temps ensemble à l’aquarium, dans les musées, ça a été magique, nous sommes devenus mère et fils. Il n’a pas eu peur et il a été génial. Je lui rappelais sans arrêt que nous faisions semblant pour le rassurer. Quand il reçoit la gifle dans la série, j’ai griffé jusqu’au sang le comédien. C’était comme si on avait frappé mon propre enfant.
La nudité ne vous gêne pas ?
Je refuse souvent de jouer nue. Quand cela est gratuit et inutile. Mais dans le cas de La gifle, j’ai accepté, je n’avais rien à perdre et c’est totalement réaliste. D’ailleurs, dans certains films, j’hallucine de voir des personnages faire l’amour tout habillés, sortir d’une douche avec une serviette, c’est consternant.
La scène du procès n’a pas dû être facile non plus…
Oh non… En tant qu’actrice, quand vous lisez le script, la première chose que vous vous demandez c’est : quand est ce qu’on tourne la scène du procès ? Elle vous obsède. Même la nuit, j’y pensais. Sur le plateau, j’ai expliqué au réalisateur que j’attendais ce moment depuis quatre mois et qu’à la seconde où il allait dire « action ! », j’allais pleurer et être totalement dans la scène, à tel point qu’il faudrait ne rien rater, car je n’allais pas pouvoir le refaire indéfiniment. Honnêtement, je me suis sentie me transformer pendant la scène. Je n’avais jamais ressenti ça auparavant. C’était incroyable. Les autres acteurs m’ont tellement donné pendant cette journée de tournage, alors qu’il n’avait rien à dire, que je me suis dépassée. Le réalisateur pleurait. C’était incroyable.
Dans quel état étiez‑vous après ?
Blessée et totalement déprimée. Je pleurais tous les jours sur le plateau. Je ne suis pas folle, mais j’étais très triste.
C’est un rôle qui vous a changée ?
Cela m’a permis d’aimer encore plus mon métier, d’y croire encore plus.