le 11 novembre 2013 - 16h36

Mads Mikkelsen

Désormais, Hannibal Lecter, c’est lui. De passage à Paris, le comédien s’est confié sur son interprétation d’une des figures les plus emblématiques du cinéma.
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Quand avez‑vous découvert Hannibal Lecter ?

 

Avec Le silence des agneaux. J’ai trouvé le film effrayant et surtout différent de ce qu’on pouvait voir à l’époque. Il appartient à ce genre de film comme Massacre à la tronçonneuse, où ce qui fait le plus peur est ce que vous ne voyez pas. Évidemment, le personnage de Lecter m’a impressionné.

 

Comment avez‑vous entendu parler la première fois du projet de la série Hannibal ?

 

C’est Brian Fuller, producteur, scénariste et showrunner de la série, qui est entré en contact avec mon agent américain. À ce moment‑là, je n’avais jamais envisagé, ni même parlé avec mon agent de la possibilité ou de l’envie de faire une série TV. J’étais hésitant.

 

Pourquoi ?

 

Je me disais, pourquoi faire Hannibal à la télévision alors qu’Anthony Hopkins l’a incarné plusieurs fois à la perfection au cinéma ? Mais j’étais curieux et j’ai quand même rencontré Brian. Il m’a raconté l’histoire de la série et son envie de tenir sur cinq ou six saisons. J’étais abasourdi par sa conviction et son énergie. Il voulait raconter l’histoire d’Hannibal avant qu’il ne soit capturé. C’était donc différent de ce qui avait été déjà fait et voir Hannibal Lecter évoluer dans le monde réel me plaisait beaucoup. C’est principalement pour cette raison que je me suis lancé.

 

Avez-vous réussi à vous détacher de l’interprétation d’Hopkins ?

 

Oui, car il ne s’agissait pas de l’imiter, de s’en inspirer ou même de s’en éloigner, mais de trouver notre propre interprétation du personnage. On savait de toute façon qu’on allait nous comparer. Mais pour être honnête avec vous, on parle de quatre personnes qui ont déjà interprété Hannibal Lecter face à des dizaines de milliers qui ont déjà joué Hamlet (rire). On est toujours comparé à quelqu’un d’autre. Donc, j’ai joué Hannibal à ma façon, sans pression.

 

Brian Fuller a déclaré que la première fois qu’il vous a rencontré, vous n’avez pas beaucoup parlé d’Anthony Hopkins, à propos du personnage de Lecter, mais bien d’avantage de Lucifer…

 

(rire). C’est vrai ! Hannibal est un manipulateur né ! Je pense que c’est ce qui fait la « beauté » du personnage, si je peux m’exprimer ainsi, ou sa simplicité. D’ordinaire, quand vous regardez dans le passé d’un psychopathe ou d’un tueur de masse, vous essayez toujours de trouver une explication à ses actes criminels. Pourquoi fait‑il ça ? Que s’est-il passé dans son enfance ? Pour moi, il n’y a pas d’explication à ce que fait Hannibal Lecter. Il est là, c’est tout. C’est l’ange déchu tombé du ciel. Le fait de ne pas avoir d’explication pour les actes atroces qu’il commet le rend terriblement effrayant.

 

Comment vous êtes-vous préparé pour le rôle ?

 

On a beaucoup parlé avec Brian, j’ai relu les livres, revu les films, juste pour voir si on allait pouvoir se servir de quelque chose pour la série. Puis, comme j’ai fait comme à chaque fois, je me suis bien préparé.

 

Dans quel état d’esprit êtes‑vous quand vous incarnez Hannibal Lecter ?

 

Parfaitement tranquille et en paix avec moi‑même. C’est probablement le personnage le plus heureux que j’ai jamais interprété. Le personnage n’est pas dépressif. Il n’a aucun problème, rien ne l’atteint. Son seul but dans la vie est d’expérimenter quelque chose de nouveau jour après jour. Ce n’est pas le genre de personnage avec lequel vous rentrez à la maison et qui vous fait totalement déprimer.

 

Avez‑vous particulièrement travaillé sur les costumes que porte Hannibal ?

 

La seule chose qui vient de moi, c’est le manteau que je porte quand je suis dehors, c’est mon « killer coat » (« manteau de tueur »), (rire). Pour le reste, j’étais d’accord avec tout ce que le département costume avait préparé. Que ce soit dans le livre ou dans la série, Hannibal porte toujours les costumes les plus élégants, mange les meilleurs mets, boit les meilleurs vins et écoute les plus belles musiques. C’est simple et c’est ce qui le définit. Vous ne le verrez jamais porter quelque chose de banal. Pour lui, la vie est trop courte, tout doit être calculé pour atteindre la perfection et l’élégance.

 

Pour la première fois, que ce soit dans les romans ou dans les films le mettant en scène, on voit le personnage d’Hannibal Lecter se battre à main nue. Le moment est épique. Comment avez‑vous appréhendé cette scène et surtout cette façon si particulière qu’il a de donner les coups ?

 

La scène est très graphique. Il ne fallait pas que ce soit une scène de combat à la manière de La mémoire dans la peau. J’en ai beaucoup discuté avec le coordinateur des cascades, parce que je crois qu’Hannibal ne fait jamais un mouvement de trop. Il est comme un chirurgien qui opère, il est précis mais n’a pas de style en particulier. Ils ont fait un boulot fantastique et je trouve que le résultat est incroyablement cool !

 

La chaîne qui diffuse Hannibal aux États‑Unis n’est pas une chaîne du câble, et pourtant, la série est incroyablement violente. Avez‑vous dû vous limiter ?

 

Non. Si je joue un coiffeur, tout le monde s’attend à ce qu’à un moment donné je coupe des cheveux. Comme je joue un tueur en série en activité, on peut s’attendre légitimement à voir du sang (rire). Ils ont assumé le risque ! Mais la violence dans Hannibal a un ton, elle est graphique et les meurtres ressemblent à des tableaux. Elle n’est jamais gratuite. Certes, elle est choquante, mais elle en dit aussi très long sur les personnages.

 

À quoi peut-on s’attendre pour la saison 2 ?

 

Je ne sais pas. Je n’ai encore rien lu. Je sais ce que m’a raconté Brian et il y a encore beaucoup de choses à dire avant que nous arrivions là où les films commencent. La relation entre Will Graham et Hannibal Lecter ne fait que commencer. Puis il y a Jack Crawford et Hannibal Lecter, il va falloir patienter. Je ne sais qu’une chose, c’est que Brian va arriver avec un « putain » de démarrage complètement déjanté.

 

Vous laissez‑vous la possibilité de continuer la série en empiétant sur ce qui est raconté dans les films de cinéma et qui s’inspirent des romans Dragon Rouge, Le silence des agneaux et Hannibal ?

 

Nous n’irons pas jusqu’au final du troisième roman. Mais pour le reste, c’est très possible…

 

Y a-t-il une autre série à laquelle vous aimeriez participer ?

 

Walking Dead, j’aimerais bien faire un zombie (rire) !

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