Comment avez-vous eu l’idée pour le moins saugrenue de ce film ?
Ce n’est pas la mienne (rires). Au départ, c’est Jean-Claude qui a donné son accord de principe au producteur de Jean-Philippe (long métrage qui met en abîme Johnny Hallyday, NDLR). Lui aussi voulait un film autour de son personnage. Le projet s’est un peu enlisé au moment de sa phase de développement. C'est à ce moment-là que j’en ai entendu parler. J'ai rencontré par hasard le producteur sur le plateau du film d’un pote et je lui ai demandé où en était le projet avec Van Damme. Il m'a dit que ça n’avançait pas, que le scénario n’était pas bon, et m'a proposé de le lire.
Comment était-ce ?
Une sorte de Die Hard qui ne parlait que du Jean-Claude Van Damme période « Aware ». On a commencé a en parler avec le producteur et, de fil en aiguille, j’ai été associé au projet. Mais j’ai émis deux conditions : je voulais complètement réécrire le scénario et surtout rencontrer Jean-Claude. Je n’allais pas passer plusieurs mois sur un script sans savoir si le comédien allait jouer le jeu.
Comment s’est passée cette rencontre ?
Formidablement bien ! Ça s’est passé à Paris. J’ai rencontré un mec intelligent, complexe et ambitieux. Il m’a dit : « Tu fais ce que tu veux ».
Étiez-vous fan du comédien ?
Oui et non. J’étais fan de la star d’action. Je l’adorais dans Blood Sport par exemple.
N’avez-vous pas l’impression d'avoir fait en quelque sorte le film de la réhabilitation pour Van Damme, et qu’il manque une partie dans laquelle on oublierait totalement le comédien au profit d’un personnage ?
Faire un film, ce n’est pas écrire une encyclopédie. Il faut savoir que le film est sorti dans le monde entier. Mais il y a une perception européenne, voire très française, de Jean-Claude Van Damme. Ici, on m’a plus parlé de lui que du film. Forcément, il a tellement fait de conneries à la télé chez nous…
On l’a beaucoup poussé aussi…
Oui, mais Jean-Claude est suffisamment intelligent pour savoir ce qu’il faut dire pour mieux faire parler de lui. Au moment de notre première rencontre, il m’a sorti du « Aware » les cinq premières minutes. Comme il a vu que je m’en foutais, il est passé à autre chose. Mais à l’époque, c'est vrai, il donnait ce qu’on lui demandait. Il ne le referait plus aujourd’hui.
Le concept du film a-t-il toujours été le même ?
Moi, j’avais un concept de film d’action, mais pas à la Die Hard avec une équipe surarmée, ultra-balaise avec un Bruce Willis surréaliste. Non, je voulais un concept simple et sur-mesure pour Jean-Claude. Je n’ai jamais voulu faire la réhabilitation de Jean-Claude. Ma connaissance de l’acteur s’arrête à Double Impact. Quand j’ai écrit le scénario, je n’ai rien voulu savoir de plus.
Quelle a été sa réaction la première fois que vous lui avez lu le scénario ?
Je lui ai dit de m’arrêter quand cela ne lui plaisait pas. Il y a des choses dans le scénario qui concernent sa vie privée, d’autres des rumeurs, et pourtant, il ne m’a jamais stoppé. Mais il n’a jamais été question de faire un film à la gloire de Van Damme. Je lui disais pendant le tournage : « Laisse la star dans la caravane et viens en tant que comédien sur le plateau ». Et c'est ce qu’il a fait. Il est venu avec humilité sur le plateau comme un mec rouillé du « jeu » et complexé par rapport aux autres comédiens.
A-t-il réussi à vous surprendre ?
Tout le temps. Et même aujourd’hui, il reste un mystère pour moi. Par exemple, dans le monologue du film, je suis incapable de dire s’il est sincère ou pas. Ce que je sais, et la seule chose qui compte, c’est que l’émotion passe. Van Damme est un personnage très complexe !
Que pensez-vous du film aujourd’hui ?
J’en suis très fier !