Qu’est-ce qui vous a séduit dans ce projet ?
Les séries scandinaves me touchent particulièrement. J’ai adoré Bron et The Killing. J’aime les séries noires, la pluie, la nuit… Quand mon agent m’a parlé de série suédoise dans les tuyaux de Canal+, j’étais très heureuse. Mais quand il m’a dit que c’était en anglais, et vu mon niveau très moyen, j’étais nettement plus sceptique.
Avez-vous passé des essais ?
Oui et la chance que j’ai eue, c’est que j’avais deux scènes à jouer. Une en français et une en anglais. J’ai donc énormément travaillé en amont. Après cet essai, Måns Mårlind et Björn Stein, les deux réalisateurs, ont bien voulu me rencontrer et j’ai eu trois semaines intensives de coaching en anglais pour bien me préparer. On a passé la journée ensemble et j’ai décroché le rôle.
Comment avez‑vous abordé ce rôle ?
Quand j’ai commencé ce métier, j’avais véritablement tendance à comparer sans arrêt ce que faisait le personnage avec ce que moi j’aurais fait à sa place. Puis petit à petit, j’ai compris que c’est l’instinct du personnage qu’il fallait trouver. Moi, Leila, ce que j’aurais fait à sa place, on s’en fout. Ce n’est pas le propos.
Quel est « l’instinct » de Kahina, le personnage que vous interprétez dans la série ?
Il est dans ses choix de vie. Fuir autant de temps son passé en pensant qu’elle va réussir à continuer à avancer malgré tout, c’est illusoire. Un jour ou l’autre, ça vous retombe dessus. Pour moi, Kahina, c’est une force faible. C’était là, la clé du personnage.
Comment s’est passé le tournage ?
J’ai passé quatre mois en Laponie suédoise et c’était extraordinaire. Tous les jours, je voyais des loups, des rennes et des aurores boréales. Je n’ai pas vu la nuit pendant deux mois. C’était fou, extraordinaire, une expérience folle !
Difficile aussi ?
Oui. Ça a été une épreuve, une épreuve physique. Le premier mois, en juillet, nous avons tourné pendant le jour polaire, quand le soleil ne se couche pas. Au début, tu te dis que c’est cool. Mais comme tu ne dors pas, tu fatigues. Tu perds tes repères. Je n’ai pas eu une seule nuit de plus de quatre heures durant tout le tournage.
Ces conditions de tournage ont‑elles servi votre interprétation ?
Oui, j’ai joué avec tout ça, car je vivais exactement la même chose que mon personnage. J’en ai fait une force, une source d’inspiration.
A-t-il été difficile de se débarrasser de Kahina après le tournage ?
Bon, il ne faut pas exagérer, je n’ai pas eu besoin d’être désenvoûtée après (rires). Par contre, pendant que je tourne, que ce soit huit semaines ou quatre mois, je n’arrive pas à me décoller du personnage. Par exemple, au fur et mesure des prises de vues de Jour polaire, j’appelais de moins en moins ma famille. J’étais tellement fatiguée que je ne voulais pas avoir mes proches au téléphone et prendre le risque de craquer.
Vous seriez partante pour une saison 2 ?
Si c’est intéressant et si tout le monde est partant, je signe ! On le fera avec grand plaisir et… en anglais ! (elle éclate de rire).