le 08 avril 2009 - 17h00

Josiane Balasko

L’aventure de Cliente n’aura pas été de tout repos pour la comédienne-réalisatrice. De l’idée du film à sa réalisation, il s’est passé cinq ans !
A
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Avez-vous vraiment mis cinq ans pour trouver un financement ?

 

Non, ça a pris cinq ans, parce qu’à un moment donné, j’ai arrêté de chercher des gens pour le produire (rires). C'est vrai que j’ai mis du temps pour trouver le sujet. Mais ensuite, j'ai frappé aux portes des chaînes avec lesquelles j’avais l’habitude de travailler, et elles ont toutes dit non. Le hic, c'est que leur argumentation n’était pas très professionnelle. On ne me disait pas : « Le film est à chier ». On me lançait simplement au visage que le film ne pourrait jamais passer en Prime Time. Mais le truc pire encore, qui revenait le plus souvent, c’était : « On ne peut pas traiter un sujet comme celui-là ».

 

N’avez-vous jamais douté du sujet, justement ?

 

Non. Plus on me disait ça, plus je pensais que le sujet était fort. Seulement, avec des réactions pareilles, très viscérales et pas du tout professionnelles, il fallait bien se rendre à l’évidence et arrêter temporairement de démarcher, en se disant que ce n’était décidément pas le moment. En plus, c’était l’époque où toutes les chaînes étaient un peu frileuses et manquaient d’audace.

 

Découragée alors ?

 

Oui et non. Dans un premier temps, je me suis dit : « Merde, on me traite comme si je n’avais rien fait ». Et je vous assure que ça m’a mis un coup derrière la tête. Puis ça n’a fait que renforcer mon envie de porter cette histoire. C’est là que je me suis dit qu’il fallait que j’essaie de la raconter en livre, vu que le cinéma n’en voulait pas.

 

Alors ?

 

Je n’avais jamais fait ce genre d’exercice auparavant et j'ai réalisé que j'étais plus à l’aise quand il s’agit d’un scénario ou d’une pièce de théâtre. À partir du scénario, j’ai finalement écrit un livre qui, lui, a mis une semaine à trouver un éditeur. Fayard l'a publié et on en a vendu 100 000 exemplaires, avec un lectorat très féminin. Mais je n’ai pas tout de suite sauté sur l’occasion pour immédiatement rechercher un financement pour le cinéma.

 

Quel a été l'élément déclencheur ?

 

Des gens de LGM (une production cinématographique, NDLR) ont lu le bouquin. De mon côté, j'avais fait parvenir un exemplaire à Nathalie Baye. Un jour, elle m'a appelé en me disant : « Si jamais tu fais le film, je suis ta cliente ! ». Elle m'a dit plus tard que c'était la première fois de toute sa carrière qu’elle demandait à un metteur en scène de jouer dans un de ses films. C’est d’autant plus appréciable que ce n’est pas facile à faire… Elle avait juste un problème, parce qu’elle ne voulait pas dire : « connasse ». Le bouquin est en parsemé et elle m’a demandé si on ne pouvait pas en enlever un ou deux (rires).

 

Mais ce n'est pas vous qui, au départ, deviez incarner le personnage principal ?

 

Au départ, oui. Mais comme Nathalie voulait le faire et que pour réunir le budget suffisant, c’était plus facile avec elle et moi sur l’affiche, le choix a été vite fait…

 

Vous jouez néanmoins un petit rôle ?

 

Oui, mais quelle galère ! Sur Cliente, j’étais d'abord le metteur en scène. Et un jour, je me suis dit : « Merde, c’est demain que je tourne et je ne suis pas du tout dedans ! ». Et il fallait que je sois au moins à moitié aussi bonne que les autres. Heureusement, je n’ai été mal que la première journée, ensuite, ça s’est bien passé. Notamment grâce à Nathalie Baye, avec qui je suis très complice.

 

Au final, écrire le livre a-t-il été une étape importante dans le processus de création du film ?

 

Oui, parce qu’au cinéma, les personnages sont toujours moins travaillés et détaillés que dans un roman. Ce sont les comédiens qui apportent toute la densité. Pour Cliente, je connaissais tellement bien les personnages que je pouvais mieux diriger les comédiens et aller plus en profondeur. Je les connaissais tous par cœur. Autre chose, s’il n’y avait pas eu le livre, il n’y aurait pas eu la voix-off. J’ai eu envie d’en mettre une parce qu’elle racontait certaines choses qui n’étaient pas dans le film.

 

Êtes-vous fière du résultat ?

 

J’ai eu du plaisir à le faire, même si ça a été très fatigant. J’ai réussi à faire le film que j’avais envie de faire.

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