le 05 février 2025 - 16h30

John Magaro, l'info dans la peau

Pour beaucoup, John Magaro était Vince, le correspondant puis mari de Lorna dans la série Orange is the New Black. Dans 5 septembre, le film choc sur la prise d’otages des J.O. de 72, on le retrouve dans la peau du journaliste sportif Geoffrey Mason. Il est encore une fois bluffant.

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John Magaro à la Première londonienne de 5 septembre, le 4 février 2025 © Alamy

Que connaissiez‑vous de ces événements ?

 

Je ne connaissais pas l’histoire, mais j’en avais entendu parler. Je me souviens d’avoir vu des émissions spéciales à ce sujet, généralement lors des Jeux Olympiques. Et évidemment, il y a eu les films Munich et Un jour en septembre que j’ai vus. Mais en lisant ce scénario, j’ai appris énormément de choses que j’ignorais malgré toutes ces sources, notamment que l’événement avait été couvert par une équipe de journalistes sportifs et qu’il s’agissait de la première retransmission mondiale par satellite d’un événement de ce genre.

 

Il paraît que vous avez parlé avec votre personnage [Geoffrey Mason] pour préparer le tournage ?


Oui, j’ai beaucoup discuté avec le vrai Jeff Mason. Il voulait me parler. Il avait une mémoire très précise de ce qui s’était passé, et il était enthousiaste à l’idée de partager tout cela. C’était vraiment un point de départ essentiel pour moi. Il m’a expliqué ce qu’ils faisaient ce jour‑là : simplement leur travail ! À ce moment‑là, j’ai compris qu’il était primordial que je me familiarise avec les régies TV. J’ai donc passé quelques mois à suivre des réalisateurs et des producteurs de retransmissions sportives pour apprendre ce travail.

 

En tant qu’acteur, vous devez jouer un rôle et pas seulement imiter. C’était vous mettre une pression supplémentaire que de le rencontrer ?


Oui, bien sûr. Il y a toujours une certaine anxiété lorsque vous rencontrez la personne que vous incarnez. Parce que chacun a une vision bien précise de sa propre personne. Mais en tant qu’acteur, il faut être courageux. Il faut laisser cette anxiété de côté, la repousser hors de son esprit pour pouvoir se concentrer sur son travail. Bien sûr, on veut que nos modèles soient satisfaits, mais il faut aussi rester fidèle à soi‑même et à l’histoire que l’on raconte. Quand on parvient à équilibrer les deux ‑capturer la personne tout en faisant son travail‑ alors c’est la meilleure sensation au monde pour un acteur. C’est effrayant d’y parvenir, mais si on y arrive, c’est une vraie réussite !

 

Est‑ce vrai que, lors du tournage, la vraie retransmission a été diffusée en direct dans le studio ?


Oui, ce fut incertain pendant un moment. Nous ne savions pas si nous aurions les droits d’utiliser les images réelles ou non. Ce n’est que deux semaines avant le début du tournage que nous avons enfin obtenu l’autorisation. Et cela a tout changé. Je ne peux même pas imaginer ce film avec un faux Jim McKay. Nous avons eu une chance incroyable d’avoir accès aux archives. Pour moi, en tant qu’acteur, pouvoir regarder ces moniteurs et voir les images réelles plutôt que de jouer devant un écran vert ou une télévision factice, a rendu mon travail vraiment plus facile et donc certainement plus impactant. Je pouvais ressentir l’émotion de cette journée à travers ces images. On la voyait dans les yeux de Jim McKay, sur les visages des personnes présentes à côté de lui. C’était une expérience unique que peu d’acteurs ont la chance de vivre.

 

Ce film a‑t‑il changé votre perception du monde des médias ?


Il a certainement changé ma perception du journalisme d’information. Cela a aussi changé ma façon de consommer les tragédies. J’ai pris conscience à quel point j’étais devenu insensible face aux drames. C’est troublant de voir à quel point les tragédies sont aujourd’hui partagées avec désinvolture via nos téléphones et nos écrans. Nous ne réfléchissons plus vraiment aux conséquences. Est‑ce que cela nous informe réellement ? Est‑ce que cela fait de nous de meilleurs citoyens ?

 

C’est un film important, aujourd’hui ?

 

Oui, absolument. Ce qui s’est passé ce jour‑là a marqué un tournant : pour la première fois, des millions de spectateurs ont été témoins d’une tragédie en direct. Depuis, les médias ont poussé cette logique encore plus loin, cherchant l’audience avant de se soucier des conséquences. J’espère que ce film incitera le public à réfléchir à ce qui est juste et ce qui ne l’est pas dans la manière dont nous traitons l’information, et encore plus aujourd’hui.

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