le 22 février 2012 - 18h16

Eva Green

À 31 ans, Eva Green a déjà une carrière bien remplie. Elle a joué pour Bertolucci, fait chavirer le cœur de James Bond dans Casino Royale, et sera bientôt aux côtés de Johnny Depp sous la houlette de Tim Burton. En attendant, elle est Morgane dans la série TV Camelot, une nouvelle interprétation de la légende du roi Arthur, à laquelle la comédienne apporte une contribution aussi charmante que sulfureuse.
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Pourquoi avoir accepté de jouer dans la série Camelot ?

 

La rencontre avec le scénariste et le créateur de la série a été déterminante. On était à Londres et ils m’ont raconté la trajectoire qu’ils envisageaient pour mon personnage. J’ai été séduite.

 

Il y a eu de nombreuses interprétations du personnage de Morgane, en quoi votre approche est‑elle singulière ?

 

Ce que j’ai aimé dans cette version, c’est qu’elle a un côté écorché, très masculin, un peu abrupt. Sous ses allures de femme fatale, c’est quelqu’un de sensible. Ce n’est pas un personnage unilatéral.

 

Est-elle la méchante de la série ?

 

Non, on ne peut pas dire ça. Morgane n’est pas un personnage cliché bêtement méchant sans aucune logique. Elle a des raisons d’agir comme elle le fait. Elle a été envoyée quinze années en exil, elle est désillusionnée. Si elle revient, c’est pour reprendre le pouvoir. Ce qui est très malsain, mais c’est aussi ce qui la rend terriblement humaine. Je pense que les gens vont pouvoir s’identifier à elle et qu’ils ne seront pas « que » pour Arthur. Enfin, j’espère (rires)…

 

Est-ce que de jouer pour la première fois dans une série TV a été une décision difficile à prendre ?

 

Quand vous jouez dans une série dont la première saison fait dix épisodes, on ne vous donne quasiment jamais les dix scripts des dix épisodes. On vous fait passer le scénario du pilote et on vous explique le trajet du personnage. C’est quelque chose qui peut faire un peu peur, donc j’ai beaucoup réfléchi avant d’accepter. C’est quand ils m’ont promis que j’aurai la possibilité de collaborer avec le scénariste Chris Chibnall, que j’ai décidé de dire oui. C’était la première fois que je vivais ça, et je dois dire que collaborer avec un scénariste a été une grande expérience pour moi.

 

Est-ce une manière de travailler que vous avez envie de renouveler ?

 

C’est bien le problème (rires). C’est un cadeau empoisonné qu’on m’a fait là. Ça fait du bien de ne pas être qu’un pantin qu’on dirige et d’avoir la possibilité d’agir un petit peu dans le processus de création. Par exemple, avec Dark Shadow, le film de Tim Burton avec Johnny Depp que je viens de terminer, j’ai rencontré un metteur en scène très ouvert.

 

La télévision est‑il le meilleur endroit pour trouver des rôles féminins de premier plan ?

 

Il est évident que les meilleurs rôles féminins sont de plus en plus à la télévision, ou peut‑être encore dans les films indépendants. Il est très rare d’avoir dans les grosses machines hollywoodiennes une place pour un rôle féminin complexe.

 

Pour quelles raisons ?

 

Parce que ce n’est plus le même genre de public qui va au cinéma. Tous mes amis, même dans le métier, et c’est ça qui fait peur, louent des DVD ou téléchargent. Ils ne vont plus au cinéma. Par flemme ? Je ne sais pas, mais aujourd’hui, ce sont les adolescents qui vont au cinéma. Du coup, on s’adresse en priorité au public qui va en salles. Pour les comédiennes, j’ai comme l’impression que le futur s’appelle télévision.

 

Êtes-vous en phase avec les rôles qu’on vous propose ?

 

Non, et c’est peut‑être pour ça que je travaille moins que d’autres. J’ai besoin de faire des rencontres, de tomber amoureuse de mon personnage. Par exemple, Tim Burton est le réalisateur le plus humble, le plus gentil et le plus ouvert que j’aie jamais rencontré. Il m’a donné le rôle plus barré de ma carrière.

 

EG : aimeriez-vous tourner en France ?

 

Oui, j’adorerais. Donnez‑moi un scénario que je puisse aimer, quelque chose de cru, d’abrupt, et j’irai sans aucun problème.

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