En combien de temps s'est monté Jumper ?
Environ deux ans. Au départ, ce sont les producteurs de Mr & Mrs Smith qui m’ont contacté pour que je lise le scénario. Ils étaient certains que j’allais adorer. Ce qui est peu commun, c’est qu’avec le script, ils ont joint un DVD d’animation d'un combat entre Jumpers. Histoire de m'allécher un peu plus…
Et ça a marché ?
Non. Je lis régulièrement des tonnes de scénarios et je me dis toujours la même chose. Pour Jumper, dès la fameuse séquence du braquage de banque, ça le faisait vraiment. Ça m'a décidé, mais en même temps, je n’aimais pas le scénario. Tout était trop banal.
Cette seule séquence vous a convaincu ?
C’est avant tout le personnage qui me plaisait, et cette séquence en dit long sur lui. En partant de ça, j'ai entièrement réécrit le scénario. On dit que c’est un film sur un bad boy qui se sert de son pouvoir pour voler de l’argent et coucher avec des filles, mais pour moi, c’est un héros très honnête. Ensuite, je voulais laisser beaucoup de questions en suspens pour me laisser de la place pour les futurs films. J’ai toujours envisagé Jumper comme le premier épisode d’une trilogie.
Comment avez-vous organisé la représentation des voyages dans le temps, qui occupent une place prédominante dans le film ?
J'ai toujours voulu que les acteurs se lancent sans avoir recours aux images de synthèse. Genre débuter une scène dans un endroit, s'arrêter en plein milieu, puis prendre un avion, voyager pendant quatorze heures, et enfin continuer la scène. Normalement, n’importe quel autre réalisateur aurait fait toutes ces séquences dans un seul studio… Mais moi, je voulais que ça sonne vrai, que le spectateur voyage avec le Jumper. Je souhaitais que les gens voient qu’on ne triche pas. On a dû voyager dans le monde entier pour tourner toutes ces scènes. Il y a une réalité physique dans Jumper qui n’existe pas dans les autres films de super-héros. Dans Jumper, il n’y a qu’un seul plan en image de synthèse. Et croyez-moi, c’est extrêmement rare dans les films d’aujourd’hui, même lorsqu’ils n’impliquent pas forcément des super-pouvoirs.
Dans La mémoire dans la peau, il n’y a pas tant d’images de synthèse que ça…
C’est parce qu’on ne les voit pas que vous dites ça. Mais croyez-moi, il y en a énormément ! Par exemple, Matt Damon ne peut pas vraiment combattre comme il le fait dans La mémoire dans la peau. Parfois, ses mains et ses bras ne sont pas les siens. Je me souviens même d’une phrase du responsable des effets spéciaux sur le film qui me disait : « Mais tout le monde va rater les effets spéciaux du film ! ». Et je répondais : « C’est sûrement frustrant pour toi, mais c’est le but de ton travail, que personne ne le remarque ! ».
Comment avez-vous choisi Hayden Christensen pour le rôle principal ?
Ça a été le même processus que lorsque j’ai choisi Matt Damon pour La mémoire dans la peau. Je ne voulais pas d'une personne rompue aux films d’action ou de super-héros. Tobey Maguire (Spider-Man) voulait en être, mais pour le rôle de David Rice, je cherchais quelqu’un qui ne soit pas fortement marqué dans l’esprit des spectateurs.
Allez-vous tourner la suite de Jumper ou bien passer la main, comme vous l’avez fait pour les suites de La mémoire dans la peau ?
Non, cette fois-ci, j’aimerais faire la suite. Je me suis arrangé pour en dire le minimum dans le premier épisode de la trilogie, pour encore avoir des choses intéressantes à raconter dans le deuxième. Et le troisième. Mais pour être tout à fait franc avec vous, je dois dire que je suis tombé amoureux de mes comédiens. Je meurs d’impatience de les retrouver.