Pourquoi l’espace ?
J’ai toujours été fasciné par l’espace au cinéma. Pas comme Lucas et ses Star Wars, mais plutôt comme les Alien et leur approche âpre et mystérieuse de l’espace. J’ai d’ailleurs repris le principe de l’équipage isolé sans aucune possibilité de fuite ou de retour en arrière. C’est pourquoi nous passons de longues minutes à l'intérieur du vaisseau avant de montrer un plan extérieur.
Pourquoi avoir attendu si longtemps avant de mettre en scène un film sur le sujet ?
Je n’ai jamais vraiment eu l’opportunité de le faire auparavant. J’ai été très brièvement impliqué dans un quatrième Alien, mais c’était un film de studio et je savais que la pression serait non seulement énorme, mais constante. Ne connaissant rien aux effets spéciaux à ce moment-là, je savais que je n'aurais pas la force de me familiariser avec la technique tout en luttant contre le studio. Finalement, j’ai renoncé au projet. Quelques années plus tard, j’ai reçu le scénario de Sunshine. Et j’étais prêt.
Qu’est-ce qui avait changé ?
J'avais mûri. Je n’avais plus peur des effets spéciaux, et surtout, j’avais la possibilité de ne pas tourner à Hollywood. Pour ce projet, je ne voulais pas de star, pas de studio, et je tenais absolument à le faire à Londres comme 28 semaines plus tard.
Cela a-t-il impliqué une rigueur budgétaire draconienne ?
Oui. Nous avons tout fait pour que le budget reste raisonnable, même s’il s’agissait d’une grosse sortie pour la Fox. Il faut bien comprendre que c’est parce que le film n’a coûté « que » 40 millions de dollars que nous avons pu choisir qui nous voulions pour le casting et faire exactement ce que nous souhaitions avec l’histoire.
Comment avez-vous géré votre appréhension des effets spéciaux ?
Chaque jour de ce tournage, j’ai appris quelque chose sur les effets spéciaux et les images de synthèse. Sunshine a été pour moi une énorme leçon.
Auriez-vous pu réaliser un film sur l’espace avec un autre outil que les images de synthèse ?
Pourquoi faire ? Le résultat est remarquable à ce niveau. Seul James Cameron est capable de pondre un film du même genre en nous impressionnant. Je sais d’ailleurs qu’il va refaire un film sur l’espace et qu’il va utiliser le potentiel des images de synthèse pour nous offrir une nouvelle vision du genre. Je pense que son Avatar sera de la folie furieuse : j’ai hâte !
Pourtant, dans Sunhine, la représentation de l’espace est bien moins importante que l’intrigue, le récit et les personnages…
C’est plus un film sur la science que sur le sauvetage du soleil. Il y a une métaphore spirituelle dans Sunshine, mais vous pouvez aussi le voir comme un simple thriller. Je pense que nous avons réussi à faire un mix entre une histoire intéressante et une approche métaphysique de l’espace.
Pourquoi avoir choisi l’Opéra de Sydney comme dernier plan du film ?
Visuellement, ce plan nous informe instantanément que le monde est dans un sérieux pétrin. Bien sûr, on aurait pu utiliser d’autres monuments aussi forts et symboliques que celui-là, mais il possède cette architecture si particulière qui rappelle le passé et projette vers le futur, le tout avec une grâce inégalée. Et puis je trouve qu’il va bien avec l’esthétique du film. Je voulais aussi que les gens comprennent que le soleil et la nature sont essentiels à notre survie. Nous ne respectons pas assez ce qui nous a été donné.
Pour votre prochain film, allez-vous changer de genre ?
Oui, parce que maintenant, je sais faire un film sur l’espace. Je n’aime par refaire ce que j’ai déjà fait.