le 30 septembre 2024 - 17h54

Chris Sanders, futur pas simple

Chris Sanders, que l'on connaît bien maintenant, efface presque tout et donne un grand coup de frais au film d'anticipation et d'animation pour enfants. Mais pas que bien sûr, tant il donne à réfléchir aussi à tous les autres, sans restriction d'âge. Une belle réussite graphique et poétique.

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Chris Sanders / Instagram

C'est votre première réalisation animée en solo. Pourquoi avez‑vous choisi de travailler sur ce livre, Le robot sauvage de Peter Brown ?

 

Mon choix a surtout été guidé par les personnages et les situations racontées dans le livre. L'histoire dans son ensemble est tout simplement incroyable. Les personnages sont complexes et très crédibles. Le roman n’est pas totalement un conte de fées : même si les personnages sont vraiment fantaisistes, ce qui se passe reste très vraisemblable. C’est exactement le genre de chose avec lequel j'aime travailler. Et en plus de tout cela, vous savez, j'adore les films de robots !

 

Il y avait tout de même une pression à adapter un tel succès littéraire, non ?

 

Oui, mais vous essayez d'ignorer cela. Vous savez, vous êtes tellement occupé déjà à tenter de faire en sorte que tout fonctionne dans le film que, rapidement, vous oubliez cette pression supplémentaire.

 

Avez‑vous montré le film à Peter Brown ? Que vous a‑t‑il dit ?

 

Il était content et c'était extrêmement important pour moi. Il savait qu'il y aurait un travail d’adaptation. Donc, dès le début, il a été très clair et m’a dit : « Je comprends, tu vas faire des changements et c'est naturel ». Il a ajouté qu’il nous aiderait, mais qu’il nous laisserait « faire notre truc ». Nous avons toujours parlé avec lui, régulièrement, et nous lui montrions ce que nous faisions.


Mais dès notre toute première rencontre, ce qui a tout changé, c'est quand il a mentionné que lors de l’écriture du roman, son idée maîtresse était que la gentillesse pouvait être une compétence de survie. Ce n'était pas dit explicitement comme ça dans le livre, mais j'ai décidé que cela devait être à l'écran, et c’est le cœur du film.

 

Pourquoi avez‑vous changé le dessin du robot ? Celui imaginé par de Peter Brown est beaucoup plus anguleux que le vôtre…

 

Effectivement. Nous savions que nous devions intégrer beaucoup de choses dans les mouvements de Roz qui n’étaient forcément pas dans le roman. Nous voulions rester avec les proportions imaginées par Peter Brown : un torse très haut, de longues jambes et de très longs bras segmentés. Mais nous avions aussi beaucoup d'informations à compléter par rapport au livre. Surtout que Peter a un style très graphique. Margie Cohn, qui dirige le département d’animation chez Dreamworks, m’a mis au défi. Elle m'a dit : « Je veux que tu crées un robot qui soit à la fois intemporel et très identifiable ». Il fallait donc conserver la simplicité et la puissance graphique du design de Peter, mais aussi trouver les détails qui lui permettraient de fonctionner à l'écran.

 

Votre film fait penser aux premiers Miyazaki et même aux premiers Disney…

 

À 100%, oui. C'était notre première inspiration ! Je pense, pour nous, en tant qu'artistes, que notre but était d’atteindre ce que Bambi fut visuellement et de réussir à accomplir ce que Miyazaki a réalisé dans des films comme Mon voisin Totoro.

 

Il y a également toute une partie du film qui se déroule dans une ville futuriste. Quelle fut votre inspiration ?

 

Vous savez, quand j’étais enfant, Sid Mead était un visionnaire dont les peintures me fascinaient. Elles étaient très ambitieuses, belles, comme le futur dans lequel nous voulions tous vivre : des voitures flottantes et de magnifiques éléments architecturaux. Nous en avons beaucoup parlé durant la préparation du film. Donc Sid Meade, mais aussi Epcot, la ville du futur. Enfant, j’ai toujours aimé l’idée que le futur allait être génial, qu’il allait être incroyable. Nous voulions donc créer un monde futur qui serait comme cela pour notre film. 

 

Quelle fut la principale difficulté dans le processus d'animation du Robot sauvage ?

 

Garder tout le plus naturaliste possible, des décors aux mouvements des animaux en passant par les textures, afin de proposer un monde auquel nous croyons vraiment. Avoir un environnement tellement crédible que l'on ressent réellement le contraste lorsque Roz, le robot, se réveille et essaie de se déplacer sur l'île. L'une des choses sur lesquelles je me suis concentré, c'est de lui rendre les choses difficiles. Que ses mouvements ne soient pas aisés. Nous n'avons pas choisi ces chemins plats qui lui facilitent la marche. Au tout début, Roz se retrouve sur une plage, sur du sable et doit en sortir. Ensuite, il se retrouve dans la forêt et doit se déplacer à travers les obstacles. Nous disons donc constamment au public qu'il n'a pas sa place ici. Il a aussi une texture différente de ce qui l’entoure.

 

Car l'environnement est peint et Roz est le seul élément en image 3D dans le film, mais seulement au début. Nous voulions qu'elle ne se mélange pas visuellement. Nous voulions qu'il ne soit pas en harmonie avec la nature au début du film. Puis, au fur et à mesure que nous avançons, alors qu'il subit davantage de dégâts, nous commençons à remplacer sa surface par des coups de pinceau. Ainsi, à mi‑chemin, il est peint à 100% comme tous les autres animaux.

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