le 09 juin 2009 - 18h40

Antoine de Maximy

En voilà un qui ne fait rien comme tout le monde et c'est justement tout l'attrait du personnage. Antoine de Maximy, c'est un peu le pote que l'on a tous envie d'avoir, le grand frère rassurant, le fiancé charmant, l'oncle rêveur et barré, le boulet agaçant et le fils prodige… En tout cas, il ne laisse pas indifférent.
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Comment avez-vous eu l’idée de ce film ?

 

L’idée de la série de documentaires « J'irai dormir chez vous », dont est issu le film, est arrivée en quelques minutes. Ce jour-là, je ne sais pas pourquoi, j’ai eu envie de parler de ça à un copain. Je mûrissais ce truc depuis longtemps, mais là, en moins de deux minutes, j'ai réussi à le formuler. J'ai commencé par des choses simples, genre : « J’aimerais bien aller passer quelques jours dans un petit village où personne n'a envie d’aller ». Puis j’ai pensé à ce dispositif technique avec les caméras. C'est sorti d'un coup et j'ai couché ça sur le papier l’après-midi même.

 

Alors que ce concept existe depuis un moment déjà, on a l’impression que vous arrivez « tard » aux États-Unis…

 

Les États-Unis, c’est un pays que j’avais mis de côté dès le départ. Aujourd'hui, la série marche très bien. Mais au début, personne n’en voulait. Seule la chaîne Voyage y croyait. En fait, je gardais les États-Unis comme levier, car j’y croyais à ce truc-là moi ! Donc avec Voyage, on a signé pour une dizaine de pays. Mais si la chaîne avait voulu arrêter à un moment ou à un autre, je lui aurais dit : « On ne va pas arrêter à dix, on n’a même pas fait les États-Unis ! ». Et puis après, on s'est dit qu'on pourrait garder les States pour un long métrage…

 

Quelle différence y a-t-il entre le format TV et le format cinéma ?

 

Justement, il a fallu réfléchir pour que ce soit différent. Et aussi régler certains problèmes techniques. À l’époque, il n’y avait qu’un seul prototype de paluche haute définition (petite caméra, NDLR) et il coûtait super cher. Il était même super encombrant. C’était un vrai problème. Aurus, la boîte à l'origine de ce type de caméra, a fait un travail exceptionnel pour rendre la chose possible en HD. Ils ont pris des caméras HD du commerce et ils les ont éclatées. C'est-à-dire qu’ils ont mis l'enregistreur à un endroit, le capteur à un autre, ils ont changé l’objectif et plein d’autres choses encore. Au final, c'était nickel.

 

On sent bien que le système est quand même parfois difficile à gérer tout au long du périple…

 

Oui ! En fait, je faisais le diaphragme à l’œil, et quand l’électronique ne gérait pas tout, c’était à moi de prendre le relais. La gestion était une chose, le budget une autre… Il y a deux ingénieurs qui ont travaillé à plein-temps sur les caméras pendant plus de trois mois. C’est beaucoup. Rien qu’une caméra coûtait entre 15 et 30 000 euros. À l’époque, ces modèles étaient uniques au monde. Il fallait trouver des solutions sans pour autant faire exploser la cagnotte.

 

Quelle était la ligne éditoriale du film avant de commencer ?

 

Il y a plusieurs niveaux de lecture au film. D’une part, je voulais faire un véritable voyage aux États-Unis. D’autre part, je souhaitais réaliser un portrait de l’Amérique en s’attachant aux gens dont on ne parle pas particulièrement. Puis il y avait cette cerise sur le gâteau qui consistait à se fixer comme objectif d’aller dormir chez une star.

 

Qu’est-ce qui vous a le plus surpris pendant ce voyage ?

 

C’est le fait que les Français se font une idée des États-Unis qui date sérieusement ! Je réfléchissais à ça justement il y a peu de temps. Quand un journaliste fait son travail de journaliste pour réaliser un reportage aux États-Unis, il se prépare et se renseigne. Donc, il lit ce qu’ont écrit les autres journalistes. Mais en fait, toutes les idées sont veilles. Il arrive aux USA avec un certain regard préfabriqué. Moi, je n'ai rien préparé justement. Quand je rencontre un mec dans la rue, je n’ai pas prévu de lui demander ce qu’il pense d’Obama ou s'il est pour la protection de la planète. Et là, le mec, il va parler de ce qui le concerne lui ! Ce que j’ai constaté sur ce film et la série, c’est que le plus souvent, tu captes vraiment bien les préoccupations des gens que tu rencontres ! C’est une prise d’ambiance et d’atmosphère. Pour le coup, je me suis rendu compte qu’on avait une fausse idée de ce que sont les Américains. Je pense que le film reflète mieux ce que sont les États-Unis d’aujourd’hui.

 

Avez-vous relevé un point commun chez tous les Américains que vous avez rencontrés ?

 

Il y a quelque chose qui revient régulièrement chez les Américains qui ont un peu de recul : ils se demandent ce que les gens pensent d’eux. Ils sont de plus en plus conscients de la mauvaise image qu’ils peuvent avoir dans le monde. Ils sont beaucoup moins sûrs d’eux et optimistes qu’auparavant. On dit souvent que les Américains sont recentrés sur eux-mêmes, et peut-être qu’ils ne savent pas encore où est la France, mais en tout cas, ils savent où est l’Europe sur une carte. Bien sûr, il reste des « bourrins » là-bas, mais on en a aussi chez nous… des « gros bourrins ».

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