Zone hostile
Dans un futur proche, Thomas Harp (Damson Idris), un efficace pilote de drone militaire, est sanctionné pour avoir désobéi à des ordres directs. Transféré sur un terrain de guerre européen ravagé par Victor Koval (Pilou Asbæk), un sbire des Russes, Harp est placé sous les ordres d’un officier, Léo (Anthony Mackie). Léo est chargé d’opérations de renseignement en territoire ennemi et, ainsi qu’Harp le constate vite, il est surtout un androïde ultra‑perfectionné secrètement déployé par l’armée américaine. Les deux équipiers découvrent que Victor Koval tente de mettre la main sur un vieux système soviétique de lancement de missiles nucléaires...
À voir cette nouvelle superproduction Netflix, on a plusieurs certitudes. Celles que le réalisateur suédois Mikael Hafström (Chambre 1408, Le rite) a visionné encore et encore le thriller Training Day et le récit de SF Chappie tant Zone hostile louche dans la forme et dans le fond sur ces aînés. Des « inspirations » qui ne sont pas forcément une mauvaise chose... si l’on trouve une manière originale de les exploiter.
Hélas, Zone hostile, qui s’annonçait comme une réflexion potentiellement passionnante sur la guerre du futur et la place des intelligences artificielles, s’avère surtout un luxueux capharnaüm. Un bazar à gros budget au design bricolé, parfois doté de bons effets spéciaux (les soldats robotiques baptisés Gumps) et ponctué de séquences d’action plutôt efficaces. Restent par contre sur le carreau toute esquisse d’ambiance, et pire, d'émotion, pourtant au cœur des discussions des deux héros. Ajoutez à cela des erreurs d'écriture étonnantes tel le méchant Victor Koval (Pilou Asbæk exfiltré de Game of Thrones et Borgen), simple McGuffin expédié en moins de deux minutes, des personnages secondaires à peine esquissés (Emily Beecham, Michael Kelly) et deux principaux protagonistes inexpressifs qui bloquent toute tentative d’identification ou d’implication du spectateur.
Lorsque, dans son dernier tiers, le récit prend une accélération après un coup de théâtre, on regrette que Mikael Hafström n’ait par contre pas revu Ex Machina, voire quelques films de Christopher Nolan, pour mieux exposer ses nouveaux enjeux et la relecture in fine du film. Zone hostile s’achève dans un grand n’importe quoi scénaristique qui, à défaut de faire palpiter, laisse au spectateur une nouvelle certitude : il a gaspillé 1h55 de vie.