Zabriskie Point
En 1969, tandis que l’Amérique vit au rythme de la violence contestataire, des révoltes des minorités, des scandales politiques et des répressions policières, Michelangelo Antonioni se voit proposer par Universal de venir réaliser un film aux États-Unis. Après avoir capté l’esprit du Swinging London dans Blow Up en 1967, le réalisateur de L’avventura pose alors son regard d’entomologiste sur un pays en plein chaos.
Réalisé en 1970, Zabriskie Point décrit la trajectoire de deux jeunes Américains, Mark et Daria, l’un en fuite vers le désert après avoir assisté à des émeutes estudiantines à L.A., l’autre en route pour Phoenix où l’attend son patron (Rod Taylor), un promoteur immobilier. Leur rencontre constitue le nerf du film et l’occasion d’une séquence célèbre, lorsque le jeune couple, en quête d’une Amérique édénique, s’enlace nu en plein désert, bientôt imité par des dizaines d'hommes et de femmes.
Si le discours du film a plutôt mal vieilli, de même que la vision parfois caricaturale d’une Amérique considérée comme pure société de consommation, la puissance visuelle des cadrages et de la photographie laisse pantois. Enfin, comment oublier l’ultime scène du film, explosion d’une villa au ralenti sur la musique des Pink Floyd, sommet esthétique du long métrage et clé de la vision d’Antonioni : et si la contre-culture n’avait été qu’un rêve de destruction d’un modèle antérieur, et rien que cela ?