Young Adult
Mavis Gary (Charlize Theron) a fui sa petite ville étriquée de province pour s’installer à Minneapolis, où elle est devenue auteure de romans pour ados. Lorsqu’elle apprend que son ancien petit ami du lycée se livre désormais aux joies de la paternité, Mavis se met en tête de le reconquérir.
Suffisante et imbue d’elle‑même, la blonde, proche de la quarantaine, reste convaincue de son pouvoir de séduction, mais n’imagine pas qu’à l’autre bout de la « mini pomme », l’eau a coulé sous les ponts. Elle y retrouve un ancien du lycée, autrefois méprisé, Matt (Patton Oswalt), qui devient son compagnon de bar et son confident. Il faut dire que malgré les apparences, l’ancienne reine de beauté et le geek mal dans sa peau se ressemblent beaucoup…
Quoi de plus légitime que de pourchasser une ultime bouffée juvénile, lorsque le temps fait office de bourreau, avec son armada de rides et de regrets ? La rencontre inopinée de la fille jadis populaire et du geek invalide, engoncé dans ses tenues nineties fonctionne, parce que l’incompatibilité qui saute aux yeux, dans un premier temps, dissimule un complexe de Peter Pan partagé en silence, avec ironie, mépris d’autrui et, finalement, de soi‑même.
L’entrée dans l’âge adulte ne s’est visiblement pas faite pour ces deux électrons libres, accros aux vestiges de leur adolescence révolue : vieux sweat‑shirts, cassette audio, figurines de super‑héros et longues soirées de beuveries à tenter de refaire un monde… Heureusement, le snobisme citadin de la protagoniste apporte un peu d’humour à ce conte cruel, qui ne parle ni de grandir, ni de « passage », mais évoque un interstice figé, celui de l’entre‑deux âges, à la merci de la nostalgie, dès lors qu’on a raté son insertion dans le moule conformiste des adultes bien rangés.
Après Juno (qui confrontait une adolescente de 16 ans à l’âge adulte par le biais d’une grossesse précoce), le binôme Jason Reitman (réalisation)/Diablo Cody (scénario) remet ça, en révélant que certains « grands » ne sont pas faits pour le temps qui passe.