Wolfman
Lawrence Talbot (Benicio Del Toro), aristocrate de naissance et comédien de profession, apprend la mort tragique de son frère, apparemment dévoré par un animal féroce. La fiancée du défunt, Gwen Conliffe (Emily Blunt), lui demande de l’aide pour découvrir ce qui est arrivé à son bien‑aimé. C’est ainsi que Talbot revient au domaine familial de Blackmoor et se rapproche de son père (Anthony Hopkins). Mais ce retour aux sources ne s’effectue pas sans peine, la demeure ravivant le douloureux souvenir de la mort de sa mère. En se lançant à la poursuite de cette créature qui terrifie les villageois, Talbot va en apprendre bien plus qu’il ne l’aurait imaginé…
Le loup-garou n’a jamais vraiment quitté les écrans de cinéma. Ces dernières années, le lycanthrope a même été modernisé, notamment via les sagas Underworld et Twilight. Au contraire, Wolfman de Joe Johnston (Jumanji, Jurassic Park III…) prend la tendance à rebrousse‑poil, choisissant de rendre hommage au Loup-garou de George Waggner (1941), classique film d’épouvante en N&B des studios Universal. Catapulté en catastrophe sur le projet après le renvoi du réalisateur Mark Romanek, l’artisan hollywoodien livre un film d’horreur au premier degré, véritable image d’Épinal du mythe. Un choix approuvé par Benicio Del Toro, également producteur et surtout fan inconditionnel de l’original.
Gothique à souhait, Wolfman s’apparente au Sleepy Hollow de Tim Burton, à la fois dans son esthétique (campagne envahie par la brume, teintes glaciales, village désuet) et dans son approche sans concession de la violence. Car malgré le caractère grand public de l’œuvre, le metteur en scène ne se prive pas d’effets gore carabinés, comme pour mieux rendre à César ce qui lui appartient : l’homme‑loup, plus animal que jamais (et superbement façonné par le roi du maquillage Rick Baker, à l’origine de la célèbre métamorphose du Loup‑garou de Londres), retrouve ainsi toute sa bestialité et sa soif de sang.
Au-delà du plaisir immédiat que procure cet honorable film d’épouvante, on apprécie la tentative de tragédie shakespearienne frappant la famille Talbot, que la pièce de théâtre dans laquelle joue Lawrence Talbot au début du film (Hamlet) annonce comme un funeste présage. Mais il ne suffit pas d’inscrire « être ou ne pas être » dans les dialogues pour filer parfaitement la métaphore, la relation père/fils et l’histoire d’amour naissante entre Lawrence Talbot et la veuve de son frère manquant de corps pour susciter l’empathie. En cela, la version non censurée, disponible sur le Blu-Ray, apportera un peu plus matière aux rapports entre les trois personnages principaux. À défaut de signer un drame déchirant et freudien, Johnston se contente de mettre en boîte un film de monstres dans la plus pure tradition du genre.