Whiplash
Andrew, 19 ans, est un as de la batterie. Son rêve, intégrer l’orchestre du redoutable Terence Fletcher, qui réunit les meilleurs éléments du conservatoire de Manhattan. Commence alors un face‑à‑face d’une rare violence psychologique entre un professeur sadique et un gamin qui ne veut rien lâcher.
Inspiré de sa propre passion (obsession ?) pour la batterie, le jeune réalisateur américain Damien Chazelle (30 ans) livre un film d’une puissance et d’une virtuosité incroyables. La salle de répétition des musiciens devient un ring de boxe où tous les coups sont permis pour obtenir l’excellence. Certains passages, volontairement noirs et traités façon polar, ne sont pas sans rappeler le début de Full Metal Jacket, où un formateur martyrisait ses recrues avant leur départ pour le Vietnam. Le décor est posé.
Mais la virtuosité du film ne s'arrête pas à son ambiance électrique. Les répliques sont cinglantes, acides, lourdes de sous‑entendus, la mise en scène d’une précision redoutable, sublimée par un montage absolument remarquable venant conclure 19 petits jours de tournage à l'os.
Un mot sur J.K. Simmons (Oz) qui transcende littéralement chacune de ses scènes, comme les autres d'ailleurs, où son aura malsaine infuse le cadre de manière quasi subliminale.
L'ultime plan, bluffant, vient conclure en beauté l’histoire de Whiplash (« coup de fouet »). Le point d’orgue magistral d’un film réglé comme une partition sans aucune fausse note sur la relation maestro‑élève, dominant‑dominé. Quand on pense qu’avec le budget d’Avengers 2, on pourrait produire 75 Whiplash…