West 11
Dans le Swinging London à peine naissant des années 60, Joe Beckett (Alfred Lynch) jongle entre un job ennuyeux et des soirées superficielles. Le jour de sa démission, il fait la connaissance d’un ancien militaire, Richard Dyce (Eric Portman), qui lui propose un travail plus rémunérateur mais très risqué.
Tout en revendiquant les spécificités du cinéma social britannique (captation sans fard des faubourgs de Nothing Hill, immersion dans le quotidien oisif de jeunes gens déconnectés de leur époque), West 11 glisse progressivement vers le film noir. Personnage peu aimable, Beckett se retrouve encore plus désaxé qu’il ne l’était après son pacte avec Dyce, comme si l’hypothèse d’une intégration sociale ou marginale n’était, en aucune façon, à la portée de cet anti‑héros ordinaire.
Réalisé en 1963, ce film de jeunesse de Michael Winner (Un justicier dans la ville, Le cercle noir, Le flingueur), qui n'a alors que 28 ans, amorce les thématiques qui le préoccuperont tout au long de sa carrière hollywoodienne à partir de 1970, à savoir l’ambiguïté morale, les sinuosités nichées au cœur des classes sociales indifférenciées, les pulsions noires qui poussent à l’acte ou au pacte meurtrier.