Wanda's Cafe
Hawk (Kris Kristofferson) sort à peine de prison et s’apprête à rejoindre Rain City, une ville imaginaire (en fait Seattle) où sa vieille amie Wanda (Geneviève Bujold) tient un café. Au même moment, Coop (Keith Carradine) et Georgia (Lori Singer), accompagnés de leur bébé, quittent leur vie de nomades dans les bois pour s’installer en ville.
Dans le café de Wanda, les destins s’entrecroisent, se heurtent et se délient. Chacun tente de régler ses comptes avec le passé, tout en se cherchant au milieu des petites frappes et du changement radical d’apparence et de valeurs.
Wanda’s Cafe est un film sur l’impossible passage d’une époque révolue à une autre, le cordon définitivement arraché de l’âge d’or des Seventies à l’atmosphère décadente des années 80, superficielles et vénales.
Chaque personnage porte ainsi l’incarnation de cette transition temporelle, et la ville devient le foyer central d’êtres désabusés et corrompus, flanqués de costumes et de maquillages grotesques (Divine, dans le rôle à contre-emploi du parrain local, est formidable). Formidable aussi, Kris Kristofferson en anti-héros anachronique, sorte de justicier écorché, attaché à la représentation d’une ville qui n’est plus (la multitude de plans consacrés à la maquette de Rain City qu’il monte seul dans sa chambre).
Enfin, la bande originale du film, avec la voix envoûtante et éraillée de Marianne Faithfull, contribue à faire de ce Wanda's Cafe l’une des pépites du cinéma américain des années 1980. Réalisé par Alan Rudolph, ancien assistant de Robert Altman et auteur d’une œuvre aussi subtile que méconnue (Welcome to L.A., Les modernes).