Waiting for the Barbarians
XIXe siècle. Placé en avant‑poste d’une citadelle au milieu du désert, le Magistrat (Mark Rylance) consacre son temps au décryptage des écritures ancestrales ainsi qu’à des recherches archéologiques. Également habité par une communauté d’indigènes, ce lieu paisible à l’abri du monde change brutalement avec l’arrivée de l’implacable colonel Joll (Johnny Depp).
Impossible de ne pas penser au Désert des Tartares (formidable roman de Dino Buzzati, porté à l’écran par Valério Zurlini en 1976) à la découverte du magnifique décorum qui conforte le postulat de Ciro Guerra (Les oiseaux de passage, L’étreinte du serpent) dans son allégorie déroutante.
Aux confins d’un Empire imaginaire, Joll, sinistre officier en uniforme et lunettes noires, désigne l’Ennemi de façon arbitraire et s’oppose naturellement aux valeurs humanistes du Magistrat. Sous la torture, deux bergers en prison n’auront pas d’autre choix que de confirmer la présence d’un adversaire quel qu’il soit, une scène difficile dans laquelle les méthodes despotiques de Joll apparaissent clairement.
Derrière le scénario de son roman éponyme, l’auteur sud‑africain J.M Coetzee (prix Nobel de Littérature) interroge la mécanique pernicieuse du totalitarisme, au cœur d’un espace imaginaire, où nature et culture s’annulent sous l’effet des dérives fascistes de l’Histoire.