W., l'improbable président
Fidèle à sa réputation de franc-tireur toujours à la recherche de la position la plus inconfortable et parfois la plus juste (Wall Street, Tueurs-nés, Platoon), Oliver Stone retrace avec W. la vie du plus impopulaire des présidents américains, corbillard sur lequel il a choisi de ne pas tirer.
Comprendre avant de haïr, telle est pourrait être la devise de ce film langien qui plonge dans le cerveau d’un fan de Reagan et de John Wayne. Huit années à occuper une place qui n’aurait jamais dû lui revenir et produire les ravages que l’on sait.
Ni Michael Moore, ni Karl Zéro, Stone a su éviter les impasses du film tract ou de l’engagement confortable (contre Bush ? Quel courage !). Avec W., le réalisateur de Nixon et JFK ose l’empathie et déplie rigoureusement les motivations d’un homme, ancien alcoolique, quarantenaire bigot, atteint du complexe d’Œdipe, idéaliste inculte, dont la vision autiste du monde se réduit, au pire à un terrain de baseball, au mieux à son Texas natal. Josh Brolin, décidément abonné aux rôles de puritains peu aimables (voir le récent Harvey Milk), est parfait.