Voyage à Tokyo
Un couple âgé entreprend un long voyage pour rendre visite à ses enfants dans la capitale japonaise. Sur place, ils bénéficient de l’hospitalité plutôt avare de leur progéniture, davantage préoccupée par ses problèmes financiers que de leur présence. Seule leur belle‑fille (Setsuko Hara, actrice fétiche du cinéaste), veuve de guerre, daigne leur accorder un accueil chaleureux. Le séjour se déroule mais de façon imprévue, entre des enfants pétris d’ingratitude et la prévenance de Noriko. Un jour, la santé de la matriarche se dégrade…
Incontournable chef‑d’œuvre de Yasukiro Ozu, Voyage à Tokyo, réalisé en 1953, traite l’éclatement du noyau familial selon une vision naturaliste et creuse à nouveau son thème de prédilection (déjà exploré dans Les frères et sœurs Toda, 1941), à savoir la sacralité des rapports filiaux, façonnés par les valeurs contradictoires d’un pays en mutation, pris entre tradition paysanne en recul et modernité galopante.
Ozu emploie une esthétique faussement monotone, la caméra souvent à hauteur de tatami et installe une sorte d’uniformité résignée à la solitude du couple orphelin de ses enfants. Un mélodrame tout en retenue, définitivement impérissable. Un must.