Jeune couple de trentenaires tranquilles, Gemma et Tom rêvent de trouver leur home sweet home. Se renseignant à propos d’un nouveau quartier paisible avec un agent immobilier bien glauque, le duo se retrouve dans un étrange lotissement où toutes les maisons se ressemblent. Mais au moment de partir, ils semblent incapables de trouver la sortie de cet enfer pavillonnaire...
Avec ses allures d’épisode nihiliste de la Quatrième dimension, Vivarium, première réalisation de l’Irlandais Lorcan Finnegan, est un film rageur, plongeant un jeune couple pas forcément encore prêt à passer le cap de l’âge adulte dans un purgatoire existentialiste renfermant tous leurs doutes et anxiétés. Jouant de son petit budget avec intelligence, Vivarium tisse son huis clos dans une esthétique volontairement lisse très inspirée par le surréaliste Magritte (on repérera aussi le plan aérien hommage à The Shining, celui au‑dessus du labyrinthe), qui ne fait que renforcer l’artificialité étouffante de ce monde sans issue. Omniprésent et rebondissant d’un registre à l’autre, le couple tourmenté est interprété avec juste ce qu’il faut outrance par Imogen Poots (Frank & Lola) et Jesse Eisenberg (croisé récemment dans Retour à Zombieland), tous deux très bons au fil des rebondissements de l’intrigue.
Dommage cependant qu’après un départ glauque et sarcastique, Vivarium finisse par patiner, donnant l’impression que le film tourne lui‑même en rond, conduisant ses personnages dans des culs‑de‑sac narratifs et refusant de dissiper son mystère pourtant au centre de la machine. Se bornant à frustrer le spectateur et à stagner dans un ventre mou un peu trop caustique qui occupe toute la seconde moitié de l’intrigue, Vivarium finit par n’être que l’ombre de sa promesse, laissant une légère impression de belle occasion loupée malgré quelques séquences vertigineuses bien senties, que l’on aurait toutefois souhaitées voir apparaître 30 minutes auparavant. Reste un film de genre à l’énergie rafraîchissante, au diapason des interrogations d’une jeunesse qui prend de l’âge, et donnant envie de voir où Lorcan Finnegan portera son cinéma par la suite.