Estelle, pilote de ligne expérimentée, alterne les long‑courriers et sa vie de couple. Malgré les jet‑lag quotidiens, sa vie est parfaitement organisée. Un jour, elle croise par hasard Ana, une photographe avec laquelle elle était en couple il y a vingt ans, et tout va changer.
Vu et déjà vu
Pour sa nouvelle réalisation, après le troublant et très réussi Boite noire, Yann Gozlan poursuit son exploration du microcosme aérien et se penche sur la vie d’une pilote qui vacille, suite à une rencontre venue du passé. Héroïne blonde fragile assortie de son double maléfique brune, Riviera, musique répétitive et lancinante, plans crypto suggestifs… Tout dans ce Visions respire le grand Hictch, mais reste toutefois une pâle copie du maître du suspense. N’est pas Hitchcock qui veut, ni même De Palma qui, en son temps, avait rendu des hommages bien appuyés aux classiques de maître, bien plus inspirés.
C’est d’autant plus dommage que l’exercice était intéressant et qu’il y avait sans doute matière. Ne serait‑ce que dans l’univers aérien assez obscur pour le quidam et qui semble, film après film, fasciner le réalisateur. Diane Kruger est également parfaite de maîtrise psychorigide et Mathieu Kassovitz possède ce petit plus assez troublant pour jeter un doute sur son personnage tout au long du film. Malheureusement, alors que Yann Gozlan nous avait habitués à une certaine originalité dans son cinéma, là, il a visiblement perdu son mojo.
Trouble mais pas troublant
Si ce Visions en manque cruellement malheureusement, il reste sans doute divertissant pour qui ne verrait pas les grosses ficelles de l’histoire ou aurait oublié le Pas de printemps pour Marnie d’Alfred Hitchcock (1964). Pour les autres, il est certainement plus à (entre) voir comme un exercice de style, certes maîtrisé, mais sans véritable style propre. Bref, vu mille fois. Les cadres sont beaux, le film est froid et parfois glacial à souhait, mais on s’ennuie vite. Il n’a pas vraiment de rythme, ni vraiment de tension. Sans parler de la métaphore du simulateur de vol (attention tout ce que vous voyez n’est peut‑être pas la réalité !) ou de son côté porno chic des années 90, tous deux assez pesants au final.
Quant au final, justement, ce twist sorti tout droit de la Quatrième dimension paraît bien incongru et n’ajoute pas grand‑chose au film hormis de la confusion.