par Nicolas Bellet
25 septembre 2023 - 12h53

Virgin Suicides

année
1999
Réalisateur
InterprètesKirsten Dunst, James Woods, Kathleen Turner
éditeur
genre
notes
critique
8
10
label
A

États-Unis, années 70. Cecilia, benjamine des cinq filles Lisbon, vient d’attenter à sa vie. Pour lui remonter le moral, ses parents organisent une fête à laquelle sont conviés des garçons du quartier. Tous depuis toujours fascinés la beauté renversante des sœurs Lisbon. Durant la soirée, Cecilia se jette par la fenêtre et se tue. Dès lors, les jeunes filles vont vivre étouffées par leurs parents surprotecteurs, jusqu’à la tragédie…

 

Un film très personnel pour Sofia Coppola

Première réalisation, première réussite. Virgin Suicides est le premier long métrage de Sofia Coppola, la fille du réalisateur du Parrain (entre autres), sorti en 1999. C’est l’adaptation du premier roman de Jeffrey Eugenides (prix Pulitzer en 2003), sorti six ans plus tôt. Longtemps après la sortie du film, la réalisatrice avoua que la mort tragique de son frère Gio fut l’une des raisons qui l’avaient poussée à le réaliser.

 

Sans être autobiographique, Virgin Suicides est sans doute l’un des plus personnels de son auteur, en raison notamment de sa proximité avec les personnages. Mais ce qui reste 25 ans après sa sortie, c’est l’acuité du regard de la réalisatrice, qui parvient à rendre palpable la mélancolie propre à l’adolescence, ce moment où le désir pour l’autre naît, ce moment où l’on se cherche et où l’on devient (ou essaie de devenir) qui on est.


 

Les images sublimes du directeur de la photographie Edward Lachman

Ce qui frappe de prime abord avec Virgin Suicides, c’est sa maîtrise de bout en bout. Si la petite histoire veut que le tournage du film fût bouclé en un petit mois, l’histoire retiendra non seulement sa BO exceptionnelle (signée par le groupe français Air), son casting impeccable d’où surnagent Kirsten Dunst et James Woods, et surtout les images sublimes du directeur de la photographie, Edward Lachman. Une photographie inspirée par Pique-nique à Hanging Rock de Peter Weir qui, aujourd’hui encore, est largement pompée au cinéma. Son rythme aussi, lancinant et flottant, lui confère un charme particulier.

 

Fatales femmes



La grande force du film est d’opter, pour entrer dans le film, le point de vue des garçons, complètement fascinés par ces jeunes filles, encore des années après le drame suggéré par le titre du film. Il en ressort un sentiment trouble et troublant à plus d’un titre. Peu à peu, ils sont confrontés à l’ambivalence entre les filles qui les fascinent et les femmes attirantes qu’elles deviennent. Elles‑mêmes confrontées au sexisme et aux injonctions de la société qui imposent un féminisme ultra‑codé.
 
Même si l’histoire se déroule dans les années 70, le film de Sofia Coppola est intemporel, il nous parle du passage à l’âge adulte et de tout ce que cela suppose pour des jeunes filles dans une société de plus en plus sexualisée. Il est clair que c'est encore d'actualité. Certainement encore plus de nos jours.
 
Virgin Suicides pose frontalement la question du patriarcat et décrit avec justesse ce moment où les jeunes filles en prennent pleinement conscience. La réalisatrice joue avec les codes cinématographiques esthétisants de la représentation des « lolitas » pour nous faire entrevoir que derrière cette façade se cache parfois aussi un mal‑être. Sans doute parfois malheureusement dû aussi à un mâle‑être…

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4k
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- de 12 ans
Prix : 24,99 €
disponibilité
16/08/2023
image
1 UHD-99 + 1 BD-50, 96', toutes zones
1.66
HD 2 160p (HEVC)
HDR10
16/9
bande-son
Français DTS-HD Master Audio 5.1
Français DTS-HD Master Audio 2.0
Anglais DTS-HD Master Audio 5.1
Anglais DTS-HD Master Audio 2.0
sous-titres
Français pour sourds et malentendants
8
10
image

La restauration 4K datant de 2018, effectuée à partir de la pellicule 35 mm originale et supervisée par Sofia Coppola et son directeur de la photographie, a clairement porté ses fruits. Malgré le rendu cotonneux et ouaté particulier Edward Lachman, le rendu est sublime, plus mystérieux que jamais, à la fois lumineux et mélancolique. Les couleurs pastel boostées impriment la rétine, la lumière irradie comme jamais, doublée de halos dorés du plus bel effet. Une photographie féminine et naturelle qui fait corps avec son sujet et nous apparaît plus que jamais comme un élément essentiel au film. 

 

Un parti pris assumé qui n'a absolument pas vieilli et se montre même sous un jour encore plus envoûtant. Le léger grain cinéma n'a pas été effacé et même si la définition n'est pas parfaitement identique aux standards 4K de films plus récents, elle prend ici tout son sens. Les légères dérives chromatiques précédentes ont disparu, laissant le naturel et la beauté l'emporter. 

8
10
son

Contrairement à ce qui est proposé dans le menu de ce disque 4K, nous n'avons pas affaire à de simples pistes DTS mais bien à une VO/VF DTD‑HD Master Audio 5.1/2.0. On apprécie la dynamique de l'ensemble, sa fraîcheur, et surtout la place offerte à la partition de Air. Rien de trop sonore ou démonstratif, juste cette atmosphère si spéciale parfaitement retranscrite. Pour le naturel, on préférera la VO, plus douce et faisant preuve d'une véritable unité.

7
10
bonus
- Making of (23')
- Soundtrack by Air : entretiens avec Jean-Benoît Dunckel et Nicolas Godin (25')
- Entretiens avec Sofia Coppola, Kirsten Dunst, Josh Hartnett et Ed Lachman (26')
- Strange Magic : analyse du film par Tavi Gevinson (13')
- Blu-Ray du film

Une très belle section bonus emmenée en premier lieu par le making of bourré d'images d'archives, de séquences backstage, de coulisses et d'interviews. Sofia Coopola a l'air à peine plus âgée que ses jeunes acteurs, tandis que son père, Francis Ford Coppola, assiste au tournage et profite de l'ambiance comme ses parents l'avaient avec lui. 

 

Malgré sa forme peu agréable (les deux membres de Air ne sont pas réunis physiquement), l'entretien autour de la bande‑son nous en dit plus sur sa création et comment la grippe et la fièvre de Jean‑Benoît Dunckel ont sans doute participé au « feu intérieur » de sa partition lors de l'enregistrement (il tombait d'ailleurs sans cesse dans les pommes). Nicolas Godin revient quant à lui notamment sur son approche des percussions, travaillées spécialement comme dans les années 70 (époque du film). Un tournant pour lui qui, jusqu'alors, ne souhaitait pas utiliser de percussions afin d'accentuer le côté intemporel de sa musique. 

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