Vilaine
Mélanie, sorte d'anti-Amélie Poulain boudinée dans une robe en tweed grisâtre avec tablier vert vissé sur les hanches, est la risée du monde qui l'entoure depuis sa naissance. À commencer par sa mère qui, après avoir essayé de l'échanger à la maternité, voit en elle une planche de salut pour ses vieux jours, et s'est finalement faite à l'idée qu'avoir généré un être aussi vilain, mais gentil et corvéable.
Mélanie est aussi et surtout l'esclave du rad autoroutier dans lequel elle travaille (son Bagdad Café à elle), tenu par un Pierre-François Martin-Laval aussi misogyne que fainéant. Là, elle sert les boissons, l'essence, fait le ménage et le secrétariat. Une Cendrillon qui se tue à la tâche pour un travail aussi ingrat que son physique, sans Prince Charmant à la clé.
À moins que… Le soir venu, dans son studio vieillot et son pyjama rose détendu, elle converse secrètement avec l'élu de son cœur tout en grignotant des tonnes de biscuits. À deux jours de la Saint-Valentin, l'heure de la grande rencontre a enfin sonné. Avec l'aide de trois fées Carabosse puantes et moqueuses, Mélanie tente de se préparer au grand saut dans l'inconnu (« Tu es superbe, mieux, ce serait trop », lui lance ironiquement sa cousine).
Évidemment, Marilou Berry n'est pas vilaine et porte merveilleusement cette comédie noire bancale mais charmante, épaulée par l'excellente et déjantée Joséphine de Meaux (avec qui elle partageait déjà l'affiche de Nos jours heureux). Après une première demi-heure d'enfer, touchante et drôle, le soufflé retombe et les saynètes presque autonomes (et parfois caricaturales) s'enchaînent avec plus ou moins de bonheur.
Si le film hésite constamment entre les genres sans jamais vraiment trouver l'équilibre, Vilaine mérite le détour et n'a pas démérité en salles. Un conte à rebrousse-poil qui ne passe pas loin de la franche réussite. À découvrir.