Vierges pour le bourreau
Si vous voulez comprendre comment, en Italie, on a pu passer du gothique fantastique et flamboyant des films de Bava au début des années 1960 (Le masque du démon) aux gialli d’Argento, Martino et autres Dallamano, Vierges pour le bourreau apporte la meilleure des réponses.
Réalisé en 1965 par Massimo Pupillo, un artisan honnête du cinéma de genre transalpin, Vierges pour le bourreau s’ouvre sur l’exécution d’un homme sanguinaire, surnommé le « bourreau écarlate ». La séquence se déroule au Moyen‑Âge, dans un manoir, et l’homme est condamné au supplice de la vierge de fer (enfermé vivant dans un cercueil, dont les portes sont équipées de pointes).
Des siècles ont passé, et un groupe d’individus très Sixties, en quête d’un décor pour un roman‑photo, débarque dans le fameux château maudit. Un coup du sort et voilà l’esprit du bourreau d’antan qui semble renaître : flanqué d’un masque de catcheur mexicain et d’une cape rouge, le bourreau jette son dévolu sur cette bande d’humains tout droit sortie de Blow up.
Le film (en couleurs, contrairement à ces photos de presse disponibles), à la fois kitsch et inventif, enchaîne les séquences de meurtres et de supplices, entre érotisme torride et folles bizarreries (voir cette femme prisonnière d’une gigantesque toile d’araignée, sur le centre de laquelle sont braquées des dizaines de flèches). Une rareté du cinéma bis à découvrir impérativement, où comment le fantastique suggestif passe le relais à une horreur pop et perverse.
