Viens avec moi
Fraîchement installée dans la maison de sa mère disparue, Lillian (Julia Stiles) tente de prendre un nouveau départ loin de Seattle. Mais la jeune femme est constamment harcelée par un homme peu recommandable prénommé « Blackway » (Ray Liotta). Quand elle sollicite l'aide du shérif, celui‑ci se contente de la renvoyer vers un certain Murdoch (Lochlyn Munro). Rendue à la scierie qui l'emploie, Lillian réalise l'ascendant de son agresseur sur la communauté. Aucun travailleur n'est partant pour régler son compte à l'oppresseur, à l'exception de Lester (Anthony Hopkins), un vieillard solitaire, et son jeune collègue, Nate (Alexander Ludwig).
Construite sur le mode du road‑movie, l'adaptation du roman Go with me de Castle Freeman Jr (2008) réunit deux figures emblématiques de la mythologie américaine : l'étranger, en l'occurrence Lillian, que l'on pousse avec (diplomatie ou pas) vers la sortie, et son antagoniste endémique pure souche.
Au‑dessus des lois, Blackway terrorise la population locale, monstre protéiforme au gré des confessions de chacun, il passe aussi bien pour un croque‑mitaine menaçant aux yeux d'un père de famille qu'une incarnation du Mal dans la bouche du shérif impuissant ou des anciens du patelin.
Chaque étape qui rapproche les traqueurs de sa planque se solde par sa fuite in extremis, jusqu'à leur confrontation musclée dans une forêt reculée à l'aura fantastique. Par ailleurs, la bourgade peu hospitalière semble strictement prédestiner aux hommes, peu importe qu'ils soient lâches, poltrons, preux ou corrompus, elle ne sait ni retenir les femmes, ni leur enchanter la vie. Ainsi, dans le souvenir douloureux de Lester (Hopkins, touchant dans ce rôle) qui a perdu sa fille morte d'une overdose, ou dans celui de Lillian qui n'a pas oublié les sangles du repaire de Blackway, les femmes restent inexorablement des victimes, des proies sacrifiées.