Venom
Qui est donc ce Venom, pas le plus populaire des héros Marvel, ni le plus sexy d'ailleurs, gluant comme une limace, noir comme un baril de brut ?
Tout commence lorsqu'un organisme alien non identifié se répand sur Terre, profitant de ses hôtes successifs, innocentes victimes, pour accroître ses incroyables capacités d'adaptation. Alors qu'un magnat de l'industrie (Riz Ahmed, The Night of) n'hésite pas à sacrifier des cobayes humains pour les besoins de ses expériences invasives avec ladite substance, un journaliste rebelle et borderline du nom de Eddie Brock (Tom Hardy, Mad Max Fury Road) se retrouve bientôt possédé par le symbiote visqueux et vorace, lui conférant une force herculéenne, des capacités de transformation quasi‑infinies et un appétit de loup. La confrontation entre les deux hommes, dont la vision de l'humanité diffère en tout point, est imminente.
Belle performance que celle de Tom Hardy, jouant sans cesse avec son double maléfique confiné dans ses entrailles, altérité intime prête à le dévorer de l'intérieur. Meilleure partie du film, la phase de domptage mutuel : maîtriser le monstre qui est en soi, tenter de lui inculquer les notions du Bien et du Mal et même résister à certaines impulsions bestiales (le film se garde bien d'aborder toute notion de sexualité, l'appétit féroce pour la junk food fera l'affaire). Une nouvelle force intérieure qui se manifeste à son paroxysme par une succession intense d'images juxtaposées d'Eddie Brock et de Venom, une schizophrénie visuellement intéressante avec, en point d'orgue, l'affrontement d'Eddie/Venom vs savant fou/Riot, soit deux humains et leurs doubles maléfiques qui s'absorbent et se repoussent les uns les autres dans un grand maelström de matière visqueuse telle une lave noire en fusion perpétuelle. Effet garanti même si le jusqu'au‑boutisme des corps endommagés et la sensualité organique d'un Cronenberg (La mouche, eXistenZ, Crash) auraient sans doute accouché d'un tout autre film.
Des bonnes idées, Venom n'en manque pas, malheureusement mises au service d'un scénario d'une académie confondante avec passage obligé par la petite amie qui déguerpit sans trop s'éloigner quand même (interprétée par Michelle Williams, une vieille connaissance du réalisateur Ruben Fleischer lorsqu'il était scénariste sur la série Dawson).
On espère que les scénaristes réveilleront un peu la bête pour Venom 2, tout en maintenant le cap du film de super‑héros plus adulte qu'à l'accoutumée.