Van Morrison in Concert
Voilà maintenant plus d'un demi‑siècle que Sir Van Morrison trace sa route à l'écart du monde. Révélé avec les hymnes garage mâtinés de rhythm and blues de son groupe Them au milieu des années 60, il a très vite préféré prendre la tangente, signant alors une poignée de disques splendides et méditatifs, entre folk et soul, parmi lesquels l'immortel Astral Weeks en 1968. Une carrière longue et prospère que le compositeur venu de Belfast revisite avec soin sur la scène du BBC Radio Theatre dans Van Morrison in Concert, captation live datant de 2016. Accompagné d'un groupe très solide (mention spéciale à Paul Moran à l'orgue et à la trompette), Van Morrison jongle entre saxophone et guitare, faisant vibrer sa voix légendaire le long de 50 ans de mélodies de velours qu'il revisite avec tranquillité.
Si on s'amusera des relectures jazzy de ses classiques Sixties (avec en tête Brown Eyed Girl) et de quelques titres de choix de son catalogue (Wild Night), difficile de ne pas ressentir un certain ennui flasque au cours de ces 75 minutes de chansons qui frisent parfois dangereusement avec la musique d'ascenseur, en particulier sur les titres les plus récents du chanteur (tirés de l'album Keep me Singing qui venait de sortir à l'époque) comme le sirupeux Every Time I See a River ou la vieille scie blues Going Down to Bangor qui ressemble à un million d'autres morceaux du genre avec son solo d'harmonica sous pré‑ampli. Et ce n'est pas la présence assez froide d'un Van Morrison impassible derrière ses lunettes de soleil qui vient briser le ronron confortable de ce concert dont l'intérêt visuel reste cruellement limité. Derrière la maîtrise et le professionnalisme, la chaleur et l'âme sont aux abonnés absents.
Pour cela, il faudra donc plutôt se tourner vers le concert proposé en bonus intitulé Up on Cyprus Avenue et capté dans les rues de Belfast en 2015 à l'occasion du 70e anniversaire du chanteur. Accompagné par le même groupe, par une belle journée d'été, Van Morrison y est plus affable et joueur face à un public très mis en avant par le réalisateur (où l'on croise Robert Pattinson, de manière fort aléatoire !). Et si l'ambiance blues‑jazz‑de‑fin‑de‑soirée reste principalement au rendez‑vous, on y voit aussi le chanteur revenir vers des territoires plus spirituels, en particulier sur le long final On Hyndford Street qui ferait presque oublier tout le reste tant on y retrouve, en une petite dizaine de minutes, la beauté libre des plus belles déambulations musicales de Van Morrison.
À réserver aux vrais fans donc, plutôt qu'aux curieux ou autres amateurs lointains, auxquels on préfèrera conseiller de se replonger directement dans une discographie pléthorique et bourrée de pépites.