Unstoppable
Qui d'autre que Tony Scott pouvait filmer et monter menu les aventures d'un train fou sans pilote rempli de substances toxiques, lancé à toute allure sur les rails, et en faire un film d'action nerveux maîtrisé de bout en bout, dénué ou presque d'effets spéciaux ? Car si le cinéaste américain a largement diversifié ses activités depuis Top Gun (il est à la tête, avec son frère Ridley, d'une des sociétés de production les plus puissantes des USA, à qui l'on doit dernièrement Les piliers de la terre, L'agence tous risques, The Good Wife…), il reste un faiseur et un clippeur hors pair capable de saucissonner et dynamiter n'importe quelle séquence montrant un Massey Ferguson en train de labourer un champ de maïs en Auvergne.
Pas de crainte ici de se vriller un neurone (un train incontrôlable va tenir en haleine médias, forces de sécurité, responsables ferroviaires et villes du coin), mais la certitude de repartir exactement avec ce que l'on était venu chercher : son shoot d'adrénaline enrobé d'un happy end divinement cliché.
Face aux 100 000 tonnes en furie, Denzel Washington (old man à un mois de la retraite) et Chris Pine (Infectés), jeune garde qui apprendra auprès du sage et en quatrième vitesse à remettre de l'ordre dans sa vie, tout en sauvant des milliers de personnes menacées de catastrophe sanitaire si le dangereux contenu du chargement venait à se déverser. Deux héros scottiens type, monolithiques, prêts à en découdre et à se sacrifier pour le bien du plus grand nombre.
Après un enchaînement de circonstances malheureuses qui conduiront à cette catastrophe ambulante, et dont la mise en place touche au sublime tant son mécanisme rappelle une horlogerie suisse réglée au centième de seconde (la marque de fabrique du maître), comme dans un jeu vidéo, on assiste à une enfilade de tentatives désespérées pour stopper ce train : déraillement contrôlé, assaut par les wagons, hélitreuillage depuis des hélicos, locomotive tampon… Le salut viendra une minute avant la fin du film. C'est à ce moment‑là que vous vous direz : « Mais pourquoi n'ont‑ils pas fait ça au début ? ». Réponse : pour pourvoir respirer un grand coup au terme d'une course‑poursuite ô combien binaire mais honnête et diablement efficace.