Une vie de chat
Le jour, le chat Dino vit auprès de la petite Zoé, fille d’une commissaire de police, muette depuis la mort de son papa, tombé sous les balles du truand Costa. Mais la nuit… La nuit, le même matou prend la poudre d’escampette, accompagnant Nico, gentleman cambrioleur, dans ses larcins. Mais le méchant Costa est de retour à Paris, fomentant le vol d’une œuvre d’art, le Colosse de Nairobi…
Troisième long métrage des studios d’animation Folimage après La prophétie des grenouilles et Mia et le Migou, mais premier long de Jean‑Loup Felicioli et Alain Gagnol, Une vie de chat confirme l’intransigeance de Folimage, qui transcende le genre du film d’animation à destination du jeune public en proposant une expérience sensorielle inédite, parfaitement adaptée à toutes les tranches d’âge.
Vulgarisant dans le bon sens du terme le polar et le film noir, Felicioli et Gagnol rendent véritablement hommage à ces genres en concoctant un récit nimbé de mystères, peuplé de personnages truculents et croquignolets, ponctué de références de cinéphiles. Ainsi, certaines répliques des gangsters nigauds rappellent le verbe d’Audiard, et on reconnaît çà et là quelques clins d’œil à Scorsese, notamment via le personnage de Costa, inspiré de Joe Pesci et judicieusement doublé par Jean Benguigui (qui, ironie du sort, avait assuré la voix française de l’acteur pour Les affranchis).
C’est d’ailleurs l’ensemble du doublage qu’il faut saluer, de Bernadette Lafont en menaçante nounou à Bruno Salomone en monte‑en‑l’air très Robin des Bois dans l’âme. Ce soin apporté aux voix ainsi qu’aux ambiances (notamment grâce à la musique jazzy de Serge Besset) est à l’image des choix visuels, raffinés, souples, élégants (on pense parfois à Picasso et Modigliani), tout en jeux d’ombre et de lumière. Un film d'animation « à l'ancienne », au récit simple mais captivant et surtout jamais mièvre.