Une femme en jeu
Dans les années 70, le tueur en série Rodney Alcala sillonne les États‑Unis en toute impunité. Il participe même à un célèbre jeu télévisé matrimonial de l’époque, The Dating Game (le Tournez manège américain) et obtient un rencard avec Sheryl Bradshow, une aspirante actrice qui choisit de ne pas le revoir et sauve miraculeusement sa peau.
L’actrice Anna Kendrick (Twilight, Pitch Perfect) réalise son premier film autour de cette histoire effroyable et donne la réplique à Daniel Zovatto (L’exorciste du Vatican, Station Eleven) dans le rôle du serial killer d’origine mexicaine. « Je ne peux pas sortir avec ce type. Il dégage quelque chose d’étrange. Il est très bizarre, je ne me sens pas à l’aise ». La vraie Cheryl Bradshaw (l’orthographe de l’héroïne a été modifiée) doit probablement sa survie à son intuition. Si cette décision apparaît dès la fin du show dans les coulisses, le scénariste Ian McDonald a inventé une scène particulièrement dérangeante qui cerne l’aura mortifère d’Alcala. C’est autour d’un verre, puis sur le parking désert du studio de télévision, que Sheryl prend conscience du danger et que le film fait exploser le tensiomètre.
Le récit oscille habilement entre la prestation sidérante du tueur face à des millions de téléspectateurs et son parcours meurtrier dans différents États du pays. L’immensité de l’espace américain jouera en sa faveur mais pas que, car il est surtout question de l’indifférence d’un système qui pactise avec la prédation ordinaire. Avant le show, Sheryl a droit à une séance de maquillage particulièrement malaisante, dans laquelle le staff mâle balance des remarques sexistes et déplacées sous le regard atterré des maquilleuses. La norme jumelée au cauchemar, qui happe à son tour une victime collatérale du serial killer dans le public, occasionnera une séquence aussi glaçante que ses crimes.