Une Estonienne à Paris
Voilà un film qui sent un peu le sapin et qui surfe sur cette vague de films gérontophiles (dont Amour fut un exemple éclatant) où des individus d’un certain âge sont filmés avec un œil bienveillant, tendre et plein de ces bons sentiments qui, malheureusement, font rarement de bons films.
Anna, une cinquantenaire divorcée, décide, après la mort de sa mère de changer d’air et de s’offrir enfin le rêve de sa vie : quitter son Estonie natale pour la ville des Lumières. Arrivée à Paris, elle trouve un emploi en s’occupant d’une vieille bourgeoise, Frida (Jeanne Moreau), qui incarne le versant pétillant et libéré de la solitude des personnes âges, même si son bagout dissimile une profonde mélancolie. Le duo Anna/Frida vire souvent au duel tant la seconde prend un malin plaisir à secouer, voire à humilier, sa cadette, à coups de remarques assassines et de comportements autoritaires.
Une Estonienne à Paris aurait pu aller jusqu’au bout de la cruauté de ses personnages, façon Tatie Danielle ou Qu’est-il arrivé à Baby Jane ?, mais Ilmar Raag n’ose jamais franchir ce pas et se cantonne à une fable délicate où chacun a ses raisons et retrouve le chemin de la bonté. Gentillet.