Une affaire de femmes
Dans la France de l’Occupation, Marie (Isabelle Huppert), mère de deux enfants, tente de joindre les deux bouts. Après avoir aidé sa voisine à interrompre sa grossesse, la jeune femme décide de poursuivre son activité d’avorteuse contre rémunération.
En réalisant Une affaire de femmes, Claude Chabrol se défend de « faire un film de 1943 et non un film sur 1943 ». Plutôt que d’exploiter la perspective et la profondeur de champ contemporaines de Citizen Kane, le cinéaste prolifique opte pour une mise en scène relativement classique.
Inspiré d’une histoire vraie ‑le cas de Marie‑Louise Giraud, faiseuse d’anges sous l’Occupation et l’une des dernières femmes guillotinées en France‑ ce drame d’une noirceur inouïe dénonce les valeurs traditionnelles (et hypocrites) du régime de Pétain. Tandis que délation et lâcheté gangrènent la France d'alors, Marie s’impose comme une femme émancipée, déconnectée des injonctions du gouvernement. Il en va de la survie de sa famille plus que de préoccupations morales, d’entreprise individuelle en contradiction avec la politique autoritaire de l’époque. Isabelle Huppert obtint la Coupe Volpi en 1988 pour sa remarquable interprétation.