Under the Silver Lake
Los Angeles. Sam (Andrew Garfield), la trentaine, mène une existence oisive tout en rêvant de célébrité. Il fait la connaissance de Sarah (Riley Keough), une nouvelle locataire qui disparaît subitement du jour au lendemain. Débute une enquête obsessionnelle pour le jeune Californien, jalonnée de rencontres étranges et parfois déconcertantes.
Structuré comme un jeu de pistes qui opte davantage pour de déroutants chausse‑trapes qu’une résolution dispensable de l’énigme, Under the Silver Lake impose son contenu hybride à la face cachée, puis aussitôt sa représentation distordue de la Cité des Anges. Car derrière le miroir déformant d’une réalité diluée dans l’imagerie fantasmatique de Hollywood ‑de Hitchcock à Brian de Palma, de Raymond Chandler à Thomas Pynchon‑ l’investigation de Sam, glandeur biberonné à la pop culture (les références grouillent jusqu’à saturation), le rive inexorablement à ses projections (délires ?) désincarnées.
La faute à Hollywood, sans aucun doute, laquelle a le pouvoir magique ou maléfique de donner des fêtes spectaculaires qui s’achèvent dans un cimetière, de travestir des starlettes au quotidien (après ses castings, l’amie de Sam déboule chez lui, habillée en infirmière ou tenue folklo), de rappeler sa solitude à un top‑model en larmes postée devant son écran, déconnectée du monde et pourtant « matée » par un drone. À travers cette séquence de voyeurisme indirect (l’ami de Sam pilote l’appareil), le masque tombe et le glamour apparent ne fait que dissimuler un travers désenchanté. La Cité des Anges abrite autant d’âmes errantes (Sam le premier) que de fantômes du cinéma, elle fabrique des cauchemars pop et lunaires quand elle ne partage plus les rêves.
Quatre ans après son remarquable It Follows, David Robert Mitchell accouche d’un chef‑d’œuvre en trompe‑l’œil fascinant, à découvrir d’urgence.