Un moment d'égarement
Aidé de Lisa Azuelos (Lol) au scénario, sans doute pour son expertise de la jeunesse actuelle, Jean‑François Richet (Mesrine) s'est donc attaqué au remake du film éponyme de Claude Berri (1977), produit cette fois par le fils de ce dernier, Thomas Langmann. Le thriller sous haute tension d'autrefois, avec Jean‑Pierre Marielle et Victor Lanoux, a laissé place à une étude en mode « trop badant » de la jeune génération, encore un peu perdue entre chagrins d'enfance et émancipation précoce 2.0.
Direction le Sud de la Corse, où deux quarantenaires célibataires (Cassel, Cluzet) vont passer leur été en compagnie de leurs filles, âgées de 17 et 18 ans (Lola Le Lann, Alice Isaaz). Sous la chaleur estivale et au beau milieu de paysages paradisiaques, l'une s'éprend du père de l'autre et, un soir de perdition, parvient à ses fins. Le lourd secret pourrait bien finir par déliter les liens solides qui unissaient pourtant la petite troupe.
Entre comédie assumée (les « numéros » de Cluzet valent à eux seuls le détour, comme le running gag du sanglier) et drame qui couve inexorablement, Un moment d'égarement ne marquera pas autant les esprits que son illustre modèle, mais parvient à capter à travers quelques séquences (voir la très belle et très juste scène du trajet en voiture, au cours duquel Louna réalise combien elle est attirée par Laurent) une certaine fraîcheur de corps et d'esprit. Y croît‑on suffisamment, telle est la question.