Un barrage contre le Pacifique
Après son formidable documentaire consacré aux Khmers Rouges (S21), Rithy Panh, cinéaste cambodgien, signe son deuxième film de fiction et adapte un roman éponyme de Marguerite Duras, auteur de L’amant dont on retrouve ici largement l’influence.
Un barrage contre le Pacifique se situe en Indochine, au début des années 1930, dans le Golfe du Siam. Là, une mère (Isabelle Huppert) et ses deux enfants adolescents, font un pari fou : construire un barrage contre la mer avec l’aide de paysans du coin, afin d’endiguer cette eau qui pourrit leurs terres. L’entreprise vire à l’obsession mais l’arrivée d’un mystérieux Mr. Jo, fils d’un riche industriel chinois qui va tomber sous le charme de la jeune fille de la maison, change subitement la donne.
Après une première version réalisée par René Clément en 1958 avec Silvana Mangano et Anthony Perkins, Rithy Panh signe un film compassé, ultra-classique qui, à force de coller au roman de Duras, ne parvient jamais à prendre son envol. Si Isabelle Huppert marque de nombreuses scènes du film, le reste pèche par excès de sagesse, voire de timidité, et la plupart des thèmes abordés sont à peine effleurés (le colonialisme, la tristesse d’une mère qui voit partir ses enfants, la manipulation, etc.). Décevant.