Ultimate Game
Dans un futur proche, la technologie a permis la création de jeux semi‑virtuels où l’on peut prendre le contrôle d’un autre être humain à distance. Le premier de ces jeux, Society, permet à chacun de vivre ses fantasmes les plus fous. Le second, Slayers, transforme des condamnés à mort en marionnettes dans des combats à balles réelles. Mais le champion de Slayers, Kable, compte bien se libérer de ses chaînes virtuelles pour faire payer Ken Castle, le créateur des jeux, qui l’a piégé et menace de tuer sa femme et sa petite fille…
Mark Neveldine et Brian Taylor se sont fait connaître avec Hyper tension, monument de folie pure et d'assez mauvais goût ‑il faut bien l'avouer‑ avec Jason Statham. Avec Ultimate Game, ils tentent de livrer un film plus grand public sans pour autant renier leur patte visuelle : une caméra toujours en mouvement (Neveldine est un as du roller et prend des risques insensés en filmant lui‑même les scènes d’action sur ses patins), un montage ultra‑dynamique et une recherche constante de sensations aussi inédites qu’extrêmes.
Cette virtuosité frénétique, les réalisateurs la mettent au service d’un script et d’un univers plus pertinents qu’ils n’en ont l’air. Car si leur filmage outré alterne violence extrême lors des séquences de Slayers et vulgarité flashy lors de celles de Society, c’est pour illustrer les dérives non pas du jeu vidéo, mais plutôt de la téléréalité, et plus largement de la société des médias. Car Slayers et Society ne sont rien d’autre que des formes évoluées de Secret Story ou Koh‑Lanta, l’interactivité en plus. Très réaliste parce que basé sur des principes existant (les jeux de guerre en ligne, Les Sims, Second Life…), Ultimate Game se permet d’appuyer là où ça fait mal.
Dommage qu’un script parfois léger (personnages secondaires sacrifiés, implication émotionnelle en berne) vienne ternir les efforts de Neveldine et Taylor, qui ont tenté de créer une parabole à la fois excitante et terrifiante sur ce que pourrait devenir, à terme, le paysage médiatique mondial.