Two Gates of Sleep
À la mort de leur mère, deux frères, Jack (Brady Corbet) et Louis (David Call), refusent de l’enterrer selon les conventions imposées par la société. Ils décident de l’emmener dans un endroit particulier. Débute alors un voyage pour le moins périlleux.
Two Gates of Sleep ressemble à une odyssée mutique, un étrange road‑movie au cœur d’un wilderness aussi insondable que ces frères peu loquaces. Le cercueil transporté tout au long de la traversée, qui évoque celui qui accompagnait Dennis Hopper dans Tracks (Henry Jaglom, 1976), se porte comme le dernier vestige d’une fraternité, dont le silence couvre une férocité latente.
Alistair Banks Griffin ouvre sa fable panthéiste dans un décor sudiste à la manière de Jeff Nichols (Shotgun Stories), puis livre ses protagonistes à la nature souveraine, intransigeante et dangereuse. L’errance harassante à travers les forêts denses, les corps s’enfonçant dans la fange et la rudesse du climat, sont autant d’éléments qui élèvent la matière vers une impasse métaphysique.
Le périple à l’issue impalpable s’achemine langoureusement vers une expérience sensorielle jumelée à un formalisme radical. Une belle surprise.