par Cédric Melon
04 août 2014 - 13h53

Twin Peaks l'intégrale : série TV + film

année
1990
Réalisateur
InterprètesKyle MacLachlan, Michael Ontkean, Richard Beymer
éditeur
genre
notes
critique
10
10
label
A

Culte. À la frontière canadienne, dans la paisible bourgade de Twin Peaks (« cimes jumelles »), le cadavre mutilé d’une jeune fille emballée dans du plastique est découvert près du lac. Il s’agit de Laura Palmer, une lycéenne apparemment sans histoires, qui a été violée, assassinée et abandonnée sur place. Le manque d’indices quant à l’identité du meurtrier provoque des remous au sein de la police et de la petite communauté. Le Shérif Harry S. Truman va très vite recevoir la visite de l’agent spécial Dale Cooper, venu donner un coup de main. C’est une enquête aussi difficile que nébuleuse qui commence...

Bicéphale, schizophrénique, hypnotique, étrange... Autant de qualificatifs qui pourraient définir les trente épisodes de la série TV créée par David Lynch et Mark Frost pour la chaîne ABC. Le show durera deux saisons. Lynch réalisera les épisodes 1, 3, 9, 10, 15, ainsi que le trentième et dernier. Ajoutez à cela un film complètement déviant, Twin Peaks, Fire Walk With Me, une préquelle tournée après la diffusion de la série en 1992, et pas moins de deux pilotes mis sur le marché en dépit du bon sens pour d’obscurs problèmes de contrat. Le ton décalé du show et la façon dont Lynch explose les formes traditionnelles de la série TV feuilletonnante de l'époque (les années 90, celles de Dallas et Dynastie) ne sont certainement pas étrangers au culte voué à Twin Peaks par ses nombreux fans.

L’engouement des cinéphiles pour l’univers de Lynch et celui de Twin Peaks en particulier dure depuis plus de vingt ans, et ne s’est jamais démenti. Même pour le réalisateur, il y aura un avant et un après Twin Peaks. Même s’il est difficile, voire impossible, d’expliquer de manière objective les raisons de cet engouement, on peut au moins essayer d’en définir les contours.

Lors de son arrivée en France le 15 avril 1991 sur feu La 5, la série de Lynch est déjà un phénomène outre‑Atlantique. Avant même sa diffusion dans l’Hexagone, Twin Peaks est un objet de fascination pour les fans du cinéaste. Même la partition musicale d’Angelo Badalamenti suscite déjà un véritable engouement. Le genre de la série (une enquête policière teintée de fantastique), son traitement et la personnalité atypique de son créateur font de Twin Peaks un événement à part entière.

Aussi paradoxal que cela puisse paraître, l’enquête policière développée dans Twin Peaks ne présente que très peu d’intérêt. Ce n’est qu’un postulat de départ qui permet à Lynch d’explorer de multiples pistes. Le scénario va s’attarder sur des sous‑intrigues tout simplement hallucinantes, et développer pour chaque personnage des histoires aux ramifications stupéfiantes, dans un contexte de corruption et de névrose hors du commun. À côté, les interactions entre les personnages de Dallas passent pour de la roupie de sansonnet. Entre les relations extraconjugales des uns, les intérêts économiques ou familiaux des autres, et les secrets honteux de tous, il plane sur Twin Peaks une atmosphère malsaine et terrifiante. Puis tout à coup, sans qu’on s’y attende vraiment, l’identité de l’assassin (en tout cas de son bras armé) est révélée lors de l’épisode 15.

Une fois l’énigme éventée, c’est celui qui se cache derrière le criminel qui intéressera les enquêteurs. Une présence machiavélique et fantomatique, dont la véritable personnalité devient la principale énigme de la série. Le show se termine au trentième épisode sur un goût d’inachevé, tant pour le spectateur que pour son auteur. La toile n’est pas complète, certaines zones restant encore trop obscures pour permettre une vue d’ensemble satisfaisante. Le réalisateur décide alors de s’attaquer aux racines du mal, en tout cas d’y revenir, en tournant en 1992 Twin Peaks, Fire Walk With Me.

Depuis Twin Peaks, chaque long métrage du cinéaste s’inscrit dans une logique poétique qui ne répond pas aux structures narratives cinématographiques classiques. Il en va ainsi de Twin Peaks, le film, mais aussi de Lost Highway et Mulholand Drive. Chaque scène est appréciable dans son unité, et vit en autarcie par rapport au reste du film. Mais elles sont pourtant indissociables du reste du long métrage, car reprenant les mêmes personnages et la même histoire. Toutefois, chacune a sa logique et son thème, qu’il soit drôle, horrible, saphique ou fantasmagorique, et est appréciable comme une œuvre à part entière... Ou comme l’épisode peu banal d’une série qui l'est encore moins.

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Tous publics
Prix : 69,99 €
disponibilité
29/07/2014
image
10 BD-50, 1 503', zone B
1.37
HD 1 080p (AVC)
4/3
bande-son
Français Dolby Digital 2.0
Anglais DTS-HD Master Audio 7.1
Anglais Dolby Digital 2.0
sous-titres
Français, anglais pour malentendants
8
10
image
L'image conserve son cachet d'origine et possède toujours un petit côté dépouillé. Toutefois, le gain en pixels permet à la plupart des scènes d'être plus mordantes, plus précises et surtout mieux contrastées. Les efforts de restauration, chapeautée par David lynch lui‑même, portent donc leurs fruits sur toutes les scènes nocturnes, avec une nette plus‑value en détails et en lisibilité. Et ce, malgré la présence d'un léger grain permanent.
8
10
son
Les doublages français sont excellents, mais cette VF 2.0 ne fait pas le poids face à la VO DTS-HD Master Audio mixée sur huit canaux ! Cette dernière propose une spatialisation bien plus efficace de la musique d’Angelo Badalamenti et répartit les ambiances de manière bien plus vertueuse.
10
10
bonus
- Twin Peaks le film, Fire Walk With Me au format 1.85, en HD 1 080p, avec une VF DD 5.1 et une VOST DTS-HD MA 7.1 (134')
- Présentation optionnelle des épisodes par la femme à la buche (1994)
- Épisode pilote en version d'origine et version alternative internationale (94')
- Galerie photos de la saison 1
- Avant-goût de Twin Peaks
- Une tranche de Lynch (A Slice of Lynch: Uncut) (56')
- Galerie photos de la saison 2
- Matériel promotionnel
- Scènes coupées de la série (8')
- Nouvelles scènes coupées de la série
- Bêtisier (2')
- Retour à Twin Peaks (20')
- Guide des extérieurs : carte interactive de la région
- Les archives de Glastonbury comprenant « 17 parts de tartes : tournage au café Mar T (alias RR) », l'interview de Mark Frost par le magazine Wrapped in Plastic, « Apprendre à parler dans la Salle Rouge », « Introduction à David Lynch », « Les autocollants de Lucy », « Twin Peaks hotline », documents de tournage, galeries photos (55')
- Cartes postales des acteurs (59')
- Interview des acteurs et de l'équipe de la série (66')
- Des secrets venus d'ailleurs : la création de Twin Peaks (la création du pilote, la création de la saison 1, la création de la musique, la création de la saison 2) (106')
- « Les pièce manquantes du dossier » : scènes coupées ou alternatives du film (91')
- « Entre deux mondes » : interview de la famille Palmer et entretien avec les acteurs (38')
- Interviews autour du film tirées des archives (5')
- Voyage à travers le temps : souvenirs des sept derniers jours de Laura Palmer (30')
- Réflexions sur le phénomène Twin Peaks (31')
- Bandes-annonces
- Galerie photos du film
- Atmosphère (extraits de la BO et des ambiances du film) : Arbes/Bois, Tarte, Panneaux/Lieux, Café, Notes, Eau, Beignets, Hiboux, L'Anneau, La Salle Rouge (13')
Parmi ces nombreux bonus, huit seulement sont réellement inédits dont les fameuses « Pièces manquantes du dossier » incluant de nombreuses scènes inédites et alternatives. Les autres étaient déjà présents au sein de l'édition DVD sortie en 2008 chez TF1 Vidéo. Cela dit, on se régalera, que l'on soit exégète de la série et du film, ou non. Un sommet pour les fans.
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