Twilight chapitre 2 : tentation
Entre rêve et réalité, l'ouverture donne d'emblée le ton du film. Assoupie dans sa chambre qui n'est plus celle d'une adolescente, Bella se voit âgée dans un champ de fleurs, aux côtés d'Edward, celui qu'elle aime, jeune et beau pour l'éternité. À son réveil, sur son chevet, un exemplaire de Roméo et Juliette, symbolisant déjà le drame qu'elle devra surmonter dans ce nouvel épisode. C'est le jour de son anniversaire. Jour terne et gris, comme tous les autres à Forks (« la fourche »).
Quelques minutes plus tard, la voilà au lycée, sur le point d'entrer en terminale. Même séquence que pour le premier opus : arrivée sur le parking blindé de voitures, amis, retrouvailles, cris de joie et blagues potaches. Le décor est planté, dans la lignée du précédent. Bienvenue dans le monde de Bella, qui esquisse son premier et dernier sourire à la vue d'Edward. Son boy-friend de vampire parvient désormais à l'embrasser sans trop avoir envie de la dévorer.
Mais un incident a priori banal (Bella se coupe en ouvrant un cadeau en présence du clan Cullen tout entier) précipite le départ de la famille de vampires, dont l'éternelle jeunesse commençait à faire jaser. Abandonnée, Bella trouve son salut auprès de Jacob, l'Indien Quileute aux biceps surdéveloppés qui cache lui aussi un secret inavouable.
Déjà à la frontière du mythe des vampires revisité à la sauce romantique et de celui des lycanthropes ‑mais en soft‑, Chris Weitz opte pour l'opposition de deux clans, à la manière des Montaigu et des Capulet. L'inspiration italienne ne s'arrête pas puisque Bella se verra dans l'obligation de partir en Italie sauver celui qui s'apprête à commettre l'irréparable en la croyant morte (on passe d'ailleurs à côté d'une vraie séquence horrifique non assumée, quand un groupe de touristes accompagnés d'enfants en visite culturelle dans le palais des Volturi s'apprête à se faire massacrer hors cadre).
C'est l'un des problèmes du film et de la franchise. Ramené à sa plus simple expression, le mythe du vampire attire ici plus qu'il ne fait peur ou nous questionne. Quant à celui qui le représente et sur qui tout repose (Robert Pattinson), il est absent une bonne partie du film. Chris Weitz (À la croisée des mondes : la boussole d'or, Pour un garçon, American Pie) a visiblement carbonisé ses idéaux gothiques et choisi l'unique point de vue de Bella pour ce deuxième opus trop sage et trop sucré pour être honnête (ses visions fantasmées, ses moues permanentes, ses pensées envahies par l'image de l'être aimé…).
Sorte de pose dans la montée en puissance de l'acte sexuel esquissé mais non consumé dans le premier épisode (Edward buvait alors le sang de Bella pour stopper sa transformation), Twilight chapitre 2 : tentation est un passage forcément incontournable pour les fans de la trilogie, mais aussi un exercice presque vain ne faisant qu'amorcer de manière un peu molle et timide le dénouement tant attendu.