Tupac : Live at the House of Blues
Il fut l’un des rappeurs les plus emblématiques de l’Histoire, l’un des plus controversés, l’un des plus charismatiques, et l’un des plus regrettés… Décédé à Las Vegas suite à une fusillade le 13 septembre 1996, il avait vendu plus de 75 millions de disques. Né et élevé à New York avant de déménager à Los Angeles à 17 ans, fils d’activistes des Black Panther, élevé au sein d’une famille en constante lutte pour les droits des Noirs et contre le gouvernement américain, Tupac Shakur a chanté la misère des ghettos et l’injustice, avec une plume poétique et acérée, et surtout une voix de velours immédiatement identifiable.
Doué pour la musique mais aussi pour la comédie (il s’inscrit très jeune dans une troupe théâtrale et tournera plus tard dans plusieurs films, faisant montre d’un talent prometteur), Tupac finira par s’orienter vers le rap, grimpant un à un les échelons du succès, mais aussi de la controverse. Son premier album, 2Pacalypse Now, contient beaucoup de textes politiques et dénonciateurs, mais aussi empreints de violence. Rapidement, le rappeur est impliqué dans plusieurs faits divers (fusillades, altercations, accusation de viol…) qui lui feront notamment passer un an et demi derrière les barreaux.
Puis il est victime d’une tentative d’assassinat (il est atteint par cinq balles, dont deux dans la tête, ce qui ne l’empêche pas d’assister le lendemain, en fauteuil roulant, au verdict d’un de ses procès). Il est persuadé que le manager Sean Puffy Combs et le rappeur Biggie Smalls, alias Notorious B.I.G, représentant la côte Est, ont manigancé l’agression. S’enclenche alors une guerre en règle entre les deux côtes, plus particulièrement entre deux labels musicaux, Death Row (qui a signé Snoop Dogg, Dr Dre et Tupac) du puissant Suge Knight pour la côte Ouest, et Bad Boys Records, tenu par Sean Combs et représentant Biggie Smalls, pour la côte Est. On ne saura jamais si cette rivalité, qui se traduisit surtout par des chansons d’une rare virulence, est à l’origine du meurtre de Tupac, et de celui de Biggie Smalls huit mois plus tard. Ce qui ressort de la carrière du rappeur californien est une impression d’immense gâchis, l’homme possédant un talent fou, une sensibilité à fleur de peau et une vraie conscience politique, autant d’atouts qui furent détournés par Suge Knight pour pousser Tupac, visiblement très influençable, dans la voie du « bling-bling », de la provocation et de la vulgarité.
Ce concert enregistré à The House of Blues le 4 juillet 1996, est le dernier donné par Tupac. Ce n’est d’ailleurs pas tant un concert de l’artiste qu’un concert de l’écurie Death Row, puisque l’événement est divisé en deux parties inégales : une première dédiée à Tupac durant 30 minutes environ ; une seconde à Snoop Dogg durant une bonne heure. Le show est énergique mais brouillon, aucune scénographie n’ayant été préparée, mais les hits, eux, défilent à vitesse grand V, avec des titres aussi emblématiques que All About You, How Do You Want It, Ain’t No Fun, Who Am I… Les fans de Tupac pourront donc se sentir floués, d’autant que lorsque le rappeur s’exprime, il ne fait que haranguer la foule et insulter ses ennemis new-yorkais, ce qui n’est pas l’aspect le plus plaisant du personnage. En revanche, la prestation de Snoop Dogg, entouré de son groupe, est elle plus satisfaisante. Et puis, deux légendes du rap dans un seul concert, ce n’est pas tous les jours que l’on voit ça…