True Detective saison 2
La saison 1 de True Detective a quasiment fait l’unanimité. Public, journalistes, tous d’accords pour saluer la performance du tandem d’acteurs Woody Harrelson (Tueur‑né) et Matthew McConaughey (Mud), la maîtrise du réalisateur Cary Fukunaga (Sin Nombre) et la qualité du scénario de Nic Pizzolatto, truffé de références littéraires, cinématographiques et philosophiques.
Dire que la saison 2 était attendue par les fans de la saison 1 est un doux euphémisme. Le challenge était d’autant plus difficile (voire impossible) que cette saison développe une nouvelle histoire avec de nouveaux acteurs, de nouveaux décors et n’est plus réalisée par un unique réalisateur.
Elle met en scène trois flics de Los Angeles (Taylor Kitsch, Colin Farrell et Rachel McAdams) et un voyou (Vince Vaughn) contraints de faire équipe pour enquêter sur le meurtre d’un notable. Tous ont un trauma passé que la progression de l’enquête, sordide, au cœur d'une corruption à grande échelle, va faire ressurgir.
Si le nouveau générique est absolument sublime, le premier épisode de cette saison 2 de True Detective n’est pas à proprement parler un modèle du genre. De facture classique, ce premier épisode d’exposition pour les personnages s’inscrit dans un univers physique qui peine à s’imposer (en tout cas dans l’immédiat). Les usines impressionnantes de Vinci, banlieue industrielle de Los Angeles qui remplace la Louisiane poisseuse et hypnotique de la saison 1, ne font pas partie intégrante du récit. Pizzolatto utilise aussi de manière un peu facile le flash‑back pour définir ses personnages. La structure narrative fragmentée de la saison 1 laisse place à un tempo linéaire moins complexe, moins énigmatique aussi. Il faudra quatre épisodes pour créer de l'empathie avec les personnages et s’intéresser enfin à leur destin.
Autre défaut de cette nouvelle saison : la réalisation de Justin Lin (Fast & Furious), qui remplace Cary Fukunaga, réalisateur de l’intégralité des épisodes de la saison 1, semble suivre mécaniquement un cahier des charges fait de plans aériens de scènes dialoguées à l’intérieur de voitures, sans jamais prendre le temps de faire vivre ses scènes ou de leur donner une identité forte.
Mais tout change lors de la scène de fusillade de l’épisode 4, époustouflante, donnant le coup d'envoi de la série et offrant de l'ampleur au récit et aux personnages : cinq jours de tournage, une petite centaine de figurants, une manufacture façon Seventies… Le résultat est là. Les comédiens ont enfin quelque chose à jouer et l’histoire tragique de cette saison devient le prolongement savoureux de l’univers de James Ellroy, dans lequel Nick Pizollato parvient à insuffler un peu de David Lynch.
En résumé, si la saison 2 de True Detetctive connaît un démarrage poussif et une réalisation inégale, elle devient peu à peu passionnante et ne méritait certainement pas le tombereau d’insultes qu'elle a essuyé au moment de sa diffusion à la télévision. On ne regrettera qu’une seule chose, que William Friedkin (Police Federal de Los Angeles), un moment approché pour réaliser la saison 2, ait été finalement écarté.