True Detective saison 1
True Detective est un thriller noir et poisseux mettant en scène deux stars de cinéma : Woody Harrelson (Tueur né) et Matthew McConaughey (Mud).
Composée de huit épisodes tous dirigés ‑fait rarissime dans l'univers de la série TV‑ par Cary Fukunaga (Jane Eire) et écrits par Nic Pizzolatto (The Killling), elle met en scène deux enquêteurs, Rust Cohle (McConaughey) et Martin Hart (Harrelson) qui, en 1995, croisent pour la première fois en Louisiane la route d’un tueur en série particulièrement machiavélique dont la traque va durer 17 ans.
De son premier à son dernier plan, True Détective offre un modèle de polar noir atmosphérique, presque théseux, sublimé par la musique de T. Bone Burnett à qui l'on doit les BO de O'Brother, Inside Llewyn Davis ou encore celle de Retour à Cold Mountain. Un tempo lancinant qui permet au tandem de comédiens de livrer des prestations remarquables dont chaque minute est à savourer, puisque selon le principe de la série d'anthologie (un seul thème fait le lien entre les différentes saisons d'une même série, à l'image de American Horror Story), McConaughey et Harrelson céderont leur place l'année prochaine à un nouveau duo, aujourd'hui à peu près définitif, soit Joaquim Phoenix et Josh Brolin, sans doute accompagnés de Christian Bale. C'est dire si la série lorgne du côté du cinéma.
D'ailleurs construite comme un très long métrage de 8 heures, elle raconte une histoire radicale dotée d’un suspense haletant aux multiples rebondissements. Éloge de la lenteur, témoin d’une mise en scène époustouflante et d’un plan‑séquence magistral digne d'un De Palma, True Detective enchaîne les séquences de dialogues inoubliables parfaitement cadrés et les plans tout droit sortis de L'enfer de Dante, teintés de multiples références fantastiques (les ombres de Chambers, King et Chandlers planent).
De l'écrin de son générique inoubliable (sur Far From Any Road de The Handsome Famil) à sa dernière image, True Detective est un « top » modèle de polar noir incontournable. Un ovni cathodique qui a placé la barre tellement haut qu’il va être bien difficile à son auteur de faire mieux. C'est pourtant tout ce qu'on lui souhaite.