par Émilien Villeroy
15 mai 2023 - 10h45

Trois mille ans à t'attendre

VO
Three Thousand Years of Longing
année
2022
Réalisateur
InterprètesIdris Elba, Tilda Swinton
éditeur
genre
notes
critique
7
10
A

Georges Miller est décidément plein de surprises. Après l’intense Mad Max Fury Road en 2015, son grand retour après des décennies improbables qui l’ont vu signer les dessins animés Happy Feet et le sous‑estimé Babe 2, on aurait pu penser que le réalisateur australien embrayerait sur un autre film d’action post‑apocalyptique dans l’univers de Mad Max. Mais avant de découvrir Furiosa en 2024, c’est un étonnant pas de côté qu’il nous propose avec Trois mille ans à t’attendre. Une fantaisie difficile à catégoriser, à l’image de son réalisateur : surprenante, ambitieuse et profondément amoureuse de cinéma.

 

Une histoire sans fin longue de 3 000 ans…

On y suit Alithea Binnie (toujours excellente Tilda Swinton), une universitaire anglaise solitaire et en proie aux visions, qui achète une étrange bouteille dans un bazar à Istanbul où elle était venue donner une conférence. Quand elle l’ouvre, un djinn en sort (Idris Elba, parfaitement à contre‑emploi), lui proposant, évidemment, d’exaucer trois vœux. Spécialiste de la littérature et des contes, celle‑ci se méfie et préfère demander au djinn ce qui a pu l’amener à être emprisonné dans cette bouteille. Le djinn se met à raconter son histoire, qui débute 3 000 ans plus tôt...

 

Une forme qui surprend
Adapté d’une nouvelle de l’autrice anglaise A.S Byatt, Trois mille ans à t’attendre puise son inspiration dans les légendes et la littérature, tout particulièrement dans Les mille et une nuits, et fait le choix de nous proposer une structure à tiroirs qui passe d'une histoire à l'autre à travers les époques et les civilisations, du Moyen‑Orient jusqu'à Londres.

 

Un choix qui surprend mais ne tombe jamais dans l'écueil du film à sketchs, gardant un rythme nerveux grâce à un montage intelligent qui jongle sans cesse entre passé et présent. Et c'est avant tout une déclaration d'amour à l'art de la narration que nous propose Georges Miller : bercés par la voix d'Idris Elba et une réalisation qui ose toutes les outrances pour nous dépayser, on se laisse prendre par ces histoires de rivalités fraternelles au cœur de l'empire Ottoman, ou encore cette très belle fresque d'émancipation féminine dans la Turquie du XIXe siècle. De quoi créer finalement un pont entre les films enchanteurs pour le jeune public et les œuvres plus crues du réalisateur australien : un film pour les grands enfants qui veulent s'émerveiller face à un réalisateur‑conteur extraordinaire.

 

Un grand bol d'imaginaire et de fantastique
Bien sûr, cette aventure n'est pas sans accrocs et pourra facilement dérouter. Visuellement, on peut reprocher au film certains choix esthétiques qui lui donnent des impressions de parc d'attractions un peu vulgaire. Et surtout, c'est l'impression d'être face à un film un peu décousu qui pourra braquer certains spectateurs, incapables de se focaliser sur sa propre histoire, et qui nous laisse un peu sur notre faim quand arrive sa conclusion, sans doute le moment le plus faible. Il faut dire que la proposition était courageuse (voire un peu folle), et sans surprise, le film a été un terrible échec au box‑office. Malgré tout cela, il y a dans Trois mille ans à t'attendre beaucoup de choses à aimer pour qui saura profiter du voyage sans y chercher autre chose qu'un grand bol d'imaginaire et de fantastique.

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4k
cover
Three Thousand Years of Longing
Tous publics
Prix : 24,99 €
disponibilité
03/01/2023
image
1 UHD-99 + 1 BD-50, 108', toutes zones
2.35
UHD 2 160p (HEVC)
HDR Dolby Vision
HDR10
16/9
bande-son
Français Dolby Atmos
Français Dolby TrueHD 7.1
Français Audiodescription
Anglais Dolby Atmos
Anglais Dolby TrueHD 7.1
sous-titres
Français, français pour sourds et malentendants
10
10
image

Outré : difficile de résumer autrement les choix esthétiques de Trois mille ans à t'attendre, véritable explosion de couleurs et d'effets visuels signée par le chef‑opérateur habituel de George Miller, John Seale. Si le résultat n'est pas toujours du meilleur goût, la qualité visuelle que propose ce 4K UHD est elle absolument enchanteresse, pleine de détails et de volume (merci le HDR Dolby Vision), et fait honneur au travail d'orfèvre mené en post‑production. Un véritable bijou de l'image numérique.

8
10
son

Du côté audio, on retrouve là encore une technique impeccable, avec une bande‑son Dolby Atmos très prenante qui nous emporte dans les différents mondes de sa narration. L'équilibre est impeccable entre la partition musicale étonnante de Tom Holkenborg et un fourmillement d'effets sonores vraiment puissants qui participent beaucoup à l'immersion.

3
10
bonus
- Au-delà de Fury Road (5')
- Conjurer le djinn (5')
- Djinn et génie (5')
- Empire et époques (5')
- Le cœur du conte (5')
- À voir sur grand écran (5')

En guise de bonus, ce sont six petits making of qui nous sont proposés. Apparemment prévus pour des diffusions sur internet, ceux‑ci sont courts, remplis d'extraits du film et particulièrement répétitifs quand on les regarde à la suite, avec parfois les mêmes séquences d'interviews de Georges Miller et des acteurs. L'effort de réunir tout cela en seul un petit documentaire de 20 minutes n'aurait pas été du luxe.

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