Tre piani
Adapté du roman éponyme d’Eshkol Nevo, Tre piani appréhende les thèmes récurrents de la filmographie du cinéaste italien Nanni Moretti (Mia madre, La chambre du fils). À chaque étage son récit de filiation contrariée, de maternité solitaire et dépressive ou de soupçons d’abus sexuels qui tournent à l’obsession. Le point de déséquilibre qui s’immisce au cœur de chaque cellule familiale la pousse inexorablement vers le délitement ainsi qu’un élan pessimiste.
Œuvre chorale d’une noirceur déroutante (Moretti rompt plus ou moins avec l’humeur de ses précédents films), Tre piani guide toutefois ses personnages dissonants vers une issue plus légère et (peut‑être) l’illusion d’un idéal collectif. La séquence finale, elliptique (les habitants de l’immeuble ont vieilli) et comme fantasmée, suffit‑elle cependant à apaiser les traumas et à réconcilier les générations de cette enclave romaine, lesquelles, à défaut de communiquer (entre elles), partagent le goût opiniâtre du malheur ?