Traque à Boston
Après Deepwater (2016) et du Sang et des larmes (2013), Peter Berg retrouve Mark Wahlberg sur une idée de ce dernier, originaire de Boston, pour rendre hommage à une ville meurtrie par un attentat en plein marathon, un jour de fête nationale, le 4 juillet 2013.
Cachés sous des casquettes, deux frères d'origine tchétchène vont actionner deux bombes artisanales en pleine foule puis prendre la fuite à bord d'une voiture volée, direction New York pour une ultime explosion. Au cours d'une traque de trois jours, ils tueront un policier pour tenter de lui dérober son arme, prendront un otage et ouvriront le feu sur des voitures de police lors d'une échouffourée apocalyptique. Un des frères mourra sous le feu, écrasé par son frère en fuite, l'autre, le plus jeune, sera retrouvé dans un bateau remisé dans un jardin en bordure de la ville. Il est actuellement dans le couloir de la mort aux États‑Unis.
La sombre histoire est connue. Elle s'est depuis répétée aux quatre coins de la planète, en Europe et ailleurs. Loin de faire preuve de retenue en jouant sur la corde sensible et un sentimentalisme baveux dès l'ouverture du film, c'est en filmant au plus près la traque des deux terroristes, heure par heure, que Peter Berg rattrape son film au vol, visiblement dépassé par son émotion et son envie de rendre hommage à tout une ville meurtrie, portée à l'époque par le mouvement « Boston Strong », l'équivalent soft de notre « Je suis Charlie ». Dans les pas d'un flic low profile (Mark Wahlberg), d'un enquêteur du FBI méthodique (Kevin Bacon) et d'un vieux briscard de la police (J.K. Simmons), Berg fait montre d'une maestria sans faille doublée d'une esthétique documentaire immersive mêlant images tournées caméra au poing et archives vidéo issues de sources diverses. La frontière entre cinéma et réalité s'efface peu à peu jusqu'à s'estomper complètement, l'effet est saisissant, presque déstabilisant.
Le film aurait pu (dû) s'en tenir à ça. Mais Berg se fourvoie dans un décorum patriotique qui nous rappelle douloureusement le titre original du film : Patriots Day. Pour une fois, nous aurions aimé que la version française dise vrai. La traque et rien que la traque.